Par Smaïl Boughazi La filière boissons en Algérie est dominée par une vingtaine d'opérateurs qui détiennent le monopole sur 99% du marché. C'est ce qu'a révélé, hier, une étude réalisée dans le cadre du programme d'appui aux PME/PMI (PME II) en collaboration avec l'Association des producteurs algériens des boissons (Apab). Présentée à Alger, cette étude montre aussi que le nombre des entreprises du secteur a chuté de 1 400 à 748 en l'espace de 7 ans, soit de 2005 à 2012. Toutefois, cette chute du nombre d'entreprises n'a pas empêché la filière d'évoluer et d'enregistrer une croissance à deux chiffres de 14%. Une croissance qui lui permet d'ailleurs de contribuer à hauteur de 7% dans la production des industries agroalimentaires. Cette évolution est portée également par des entreprises dont le chiffre d'affaires moyen a augmenté, de 0,958 milliard de dinars en 2009 à 1,217 milliard de dinars en 2010, précise la même étude. Ce qui leur offre une «bonne indépendance financière et une grande capacité d'autofinancement». En outre, le capital initial a été multiplié par 8,2 dénotant un développement de la taille, note l'étude. Cette dernière met la lumière sur un phénomène de concentration régionale avec trois grands bassins d'implantation industrielle situés à Alger, Béjaïa, Sétif et dans l'Oranie. La filière qui chapeaute près de 300 marques commerciales souffre par ailleurs de certaines difficultés économiques, entre autres les lourdeurs administratives, le secteur informel, la fiscalité. Pour la consommation nationale, l'étude a estimé que chaque habitant en moyenne a consommé, en 2011, 23,4 litres d'eaux embouteillées, 22,2 litres de boissons gazeuses, 6 litres de jus et 0,5 litre d'autres boissons plates. La consommation de boissons rafraîchissantes a atteint durant la même période un volume total de 1,871 milliard de litres, avec un chiffre d'affaires dépassant 38 milliards de dinars. Sur ce point, le marché algérien des boissons rafraîchissantes sans alcool (Brsa) est parmi les 9% qui enregistrent une croissance supérieure à 7,8%. Il se positionne sur le même rythme de croissance que ceux du Maroc, de la Tunisie et de l'Egypte. 20% des autres pays ont une consommation par habitant inférieure à 53 litres, alors que les évaluations réalisées par l'étude de 2005 et son actualisation situent le niveau de consommation en Algérie à 55 l/hab/an pour 2008 et 57,4 pour 2011. L'étude prévoit aussi un niveau de consommation de 62,2 litres en 2015, et un volume global de 2 394,7 millions de litres. Pour les perspectives, la demande devrait continuer à croître pour l'eau embouteillée, les jus de fruits et les concentrés de boissons. Toutefois, d'autres branches risquent de connaître un ralentissement. L'étude juge que le potentiel de croissance est contrasté. Le travail parle d'une évolution incertaine pour les filières de boissons alcoolisées en raison des restrictions imposées par les autorités et d'un marché proche de la maturité pour les boissons gazeuses. S. B.