Par Badiâa Amarni Les flux mondiaux d'investissement directs étrangers (IDE) ont diminué de 18% en 2012, pour s'établir à 1 350 milliards de dollars. Une véritable reprise de ces flux prendra plus de temps qu'escompté en raison de la fragilité de l'économie mondiale et du climat d'incertitude générale. Les entrées et les sorties des IDE en Algérie ont suivi la tendance baissière mondiale, qui se situent à 1 484 millions de dollars, soit 1,4 milliards de dollars, contre 2,57 milliards de dollars en 2011, soit une baisse de 42%, selon les chiffres avancés par l'économiste et expert de la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), M. Kalman Kalotay. Lors d'une conférence de presse animée à l'hôtel El Djazaïr (Ex-St Georges) pour présenter l'enquête annuelle de la Cnuced sur les tendances de l'investissement à travers le monde, M. Kalotay a fait savoir que les IDE en 2013 «devraient rester proche du niveau enregistré en 2012, dans une fourchette haute de 1 450 milliards de dollars. Si à moyen terme les conditions macroéconomiques s'améliorent et les investisseurs reprennent confiance, les sociétés transnationales (STN) pourraient convertir une partie de leurs liquidités pléthoriques en nouveaux investissements. Les flux d'IDE pourraient alors se chiffrer à 1 600 milliards de dollars en 2014, et à 1 800 milliards de dollars en 2015». Toutefois, note le rapport, «des facteurs tels que les faiblesses structurelles du système financier mondial, une possible détérioration de l'environnement macroéconomique et un lourd climat d'incertitude dans des domaines d'une importance cruciale pour la confiance des investisseurs pourraient conduire à un nouveau recul des flux d'IDE. Les pays qui ont accueilli le plus d'investissements directs étrangers l'année dernière sont ceux en développement. Pour la première fois dans l'histoire, ils ont absorbé davantage d'IDE que les pays développés à savoir 52% des flux mondiaux». Ceci étant, ces flux ont quand même connu une légère diminution de 4% pour s'établir à 703 milliards de dollars, deuxième niveau record jamais enregistré. Parmi les régions en développement, les flux vers l'Asie et l'Amérique latine et les Caraïbes sont restés à des niveaux historiquement élevés, mais leur croissance s'est ralentie. Les flux d'IDE vers l'Afrique ont augmenté en 2012 comme en 2011. Le rapport note également une progression dans les petits pays économiquement et structurellement faibles, lesquels englobent les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral, et les petits Etats insulaires en développement. «Les flux d'IDE en provenance des pays en développement se sont établis à 426 milliards de dollars, soit un niveau record de 31% du total mondial. Les flux en provenance de l'Asie en développement et de l'Amérique latine et des Caraïbes sont restés au même niveau qu'en 2011. Les pays en développement d'Asie sont la première source d'IDE, représentant les ¾ du total des pays en développement. Parmi les principaux investisseurs, la Chine est passée de la sixième à la troisième place juste derrière les Etats- Unies et le Japon». Les flux en provenance d'Afrique ont presque triplé, fait savoir ce rapport présenté simultanément dans plusieurs autres pays du monde. Le rapport relève aussi que les flux d'IDE vers les pays développés ont diminué de 32% pour s'établir à 561 milliards de dollars, soit un niveau observé pour la dernière fois une dizaine d'années auparavant. Parallèlement, les IDE en provenance de ces pays sont retombés à un niveau proche du point bas enregistré en 2009. Des perspectives économiques incertaines ont conduit les multinationales des pays développés à conserver une attitude attentiste en matière d'investissements nouveaux ou à céder des actifs étrangers, plutôt que d'engager une expansion de leurs activités internationales. En 2012, 22 des 38 pays développés ont accusé une baisse de leurs investissements directes étrangers, se traduisant par un recul de 23% au total, à 909 milliards de dollars. L'expert de la Cnuced, a tenu à préciser qu'on ne peut pas tirer des conclusions des tendances d'une année d'autant que la question de la qualité de l'information statistique reste posée. D'ailleurs, a-t-il signalé, vu les problèmes techniques rencontrés dans ce domaine la Cnuced a mis en place un programme pour les pays membres pour recueillir l'information statistique. Quelle analyse faire de la tendance baissière des IDE en Algérie ? L'expert de la Cnuced explique qu'il faut faire attention avec les chiffres d'une seule année, car nous constatons des fluctuations des IDE de par le monde à cause du planning et du timing des projets. Sur les perspectives de l'Algérie dans ce domaine, M. Kalotay indique qu'elles doivent être bonnes d'autant que la croissance économique est satisfaisante. De plus l'Algérie se retrouve dans un endroit idéal du monde, et les investisseurs parlent de redécouvrir l'Afrique. Cela sans compter qu'elle peut profiter de la coopération avec les pays méditerranéens une fois sorties de la crise. B. A.