L'Afrique se trouve à un moment crucial de son développement. Les changements économiques et géopolitiques survenus à l'échelle mondiale au cours des deux dernières décennies ont modifié le rapport de forces traditionnel du monde et marqué l'émergence de nouvelles puissances issues du Sud. Compte tenu de la remarquable croissance qu'il enregistre depuis 2000, le continent africain a été reconnu comme prochaine frontière des possibilités et pôle mondial potentiel de croissance. Les conflits politiques sont en recul, la croissance économique est vigoureuse et la gestion économique, la gouvernance et la stabilité politique se sont améliorées. Tous ces facteurs ont contribué à modifier profondément la perception que le monde a de ce continent. Pourtant les résultats économiques récents n'ont pas permis de diversifier suffisamment l'économie, ni de créer assez d'emplois ou d'entraîner un développement social suffisant pour créer de la richesse et sortir des millions d'Africains de la pauvreté. Le défi lancé à l'Afrique est donc comment elle pourrait appliquer des politiques plus efficaces pour accélérer la croissance et la maintenir à un taux élevé tout en la rendant plus ouverte et plus équitable. Et c'est précisément en raison de ces défis que le thème du «Rapport économique sur l'Afrique 2013» de cette année est de «tirer le plus grand profit des produits de base africains, l'industrialisation au service de la croissance, de l'emploi et de la transformation économique». Présenté, hier à Alger, par la Commission économique de l'Union africaine, en présence du secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la prospective et des statistiques, ledit rapport indique sommairement que l'industrialisation fondée sur les produits de base peut être un moteur de croissance du continent, en réduisant sa marginalisation dans l'économie mondiale et en renforçant sa résilience aux chocs. «Les pays africains, pris individuellement ou collectivement, ont là une réelle opportunité de promouvoir la transformation économique et de s'attaquer à la pauvreté, aux inégalités et au chômage des jeunes. Ils peuvent tirer partie des ressources naturelles abondantes et des prix internationaux élevés des produits de base, ainsi que des changements s'opérant dans l'organisation des processus de production à l'échelle mondiale», soulignent les experts ayant élaboré ce rapport. Ces derniers ont également mis en exergue que «la désindustrialisation de bon nombre d'économies africaines au cours des trois dernières décennies, qui a entraîné leur marginalisation croissante dans l'économie mondiale, résultait principalement de politiques inadéquates et qu'elle offre à ces pays un cadre d'orientation leur permettant de commencer l'industrialisation fondée sur les ressources». Le rapport souligne également la nécessité pour les pays africains d'élaborer des politiques appropriées en matière de contenu local, de développer les infrastructures, les compétences humaines et les capacités technologiques ainsi que de favoriser l'intégration régionale et le commerce intra-africain. Et c'est dans cette optique qu'il a été suggéré de mettre en œuvre une zone de libre-échange continentale africaine (Zlec) ainsi que d'un plan d'action pour le développement industriel accéléré de l'Afrique (Aida). Il est utile de rappeler, par ailleurs, que ledit rapport se fonde sur neuf études de pays africains (la région Nord du continent) qui ont permis de produire des recommandations reposant sur des données factuelles. S. B.