L'Afrique "peut devenir une puissance économique mondiale au moyen d'une stratégie d'industrialisation fondée sur les matières premières" mettant à profit les ressources dont le continent est richement doté, indique un rapport conjoint de la Commission économique de l'ONU pour l'Afrique (CEA) et l'Union africaine. L'optimisation de l'utilisation des produits de base de l'Afrique en vue d'industrialiser le continent nécessite une valorisation des matières premières, tant industrielles qu'agricoles, et l'établissement de liens en amont et en aval du secteur des produits de base, explique le rapport publié mardi avec pour thème "Tirer le plus grand profit des produits de base africains : l'industrialisation au service de la croissance, de l'emploi et de la transformation économique". L'industrialisation créera de l'emploi et des revenus, souligne le rapport qui note qu'en valorisant localement leurs matières premières, les pays africains assureront simultanément la diversification de leurs capacités technologiques, l'élargissement des compétences disponibles et l'approfondissement des structures industrielles de chaque pays. Bien que l'Afrique détienne environ 12% des réserves de pétrole, 40% des réserves d'or et de 80 à 90% des réserves de chrome et de platine dans le monde, 60% des terres arables et de vastes ressources en bois, "la valorisation de ces ressources est faible et se limite aux recettes dérisoires de leur exportation". Il cite ainsi l'exemple de l'industrie du café où jusqu'à 90% du revenu total tiré du café africain, calculé sur la base du prix moyen au détail d'une livre de café torréfié et moulu, va aux pays consommateurs d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Asie, alors que les pays producteurs africains comme l'Ethiopie pourraient en tirer davantage de bénéfices. Dans ce sens, il affirme que les pays africains ont une occasion réelle de tirer parti de leur dotation en ressources naturelles, des prix internationaux élevés des produits de base et des opportunités qu'offrent les mutations intervenues dans l'économie mondiale, pour promouvoir la transformation économique par l'industrialisation fondée sur les produits de base et s'attaquer à la pauvreté, aux inégalités et au chômage des jeunes. Si ces opportunités sont saisies, l'Afrique pourra promouvoir la compétitivité, réduire sa dépendance à l'égard des exportations de produits primaires ainsi que sa vulnérabilité aux chocs qui s'ensuit et émerger en tant que nouveau pôle de croissance mondiale, avance le rapport. Pour les experts, la question n'est pas de savoir si l'Afrique peut s'industrialiser en faisant fi de ses produits de base, mais plutôt comment elle peut les utiliser pour créer de la valeur, de nouveaux services et des capacités technologiques, tout en soulignant que ceci ne s'applique pas nécessairement à tous les pays africains et ne doit pas être le seul moyen pour les pays africains riches en ressources de s'industrialiser. "Tirer le plus grand profit des produits de base africains exige des cadres appropriés de planification du développement et des politiques industrielles efficaces, ajoute la même source. Une telle politique doit être menée "si le continent veut devenir une puissance économique mondiale en mesure de relever les défis du chômage des jeunes et de la pauvreté", selon ce rapport économique sur l'Afrique 2013.