Depuis des semaines, une annonce publicitaire demandant de l'aide et des dons défile sans interruption sur l'interface du site du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés au Proche-Orient (Unrwa). Ces dons sont destinés aux Palestiniens des camps de réfugiés installés en Syrie et qui sont au nombre de douze pour plus d'un demi-million de personnes accueillies. L'annonce en elle-même pourrait bien paraître ordinaire, vu les besoins constants des déplacés palestiniens depuis le début de la colonisation israélienne de la Palestine en 1948. Mais ces besoins se sont exprimé de la manière la plus urgente depuis le début de la guerre civile syrienne, opposant des rebelles de différentes obédiences politiques et idéologiques au régime de Bachar al-Assad, dont le pouvoir est contesté depuis mars 2011. L'Unrwa a lancé des appels aux dons, non pas seulement pour les Palestiniens qui sont dans les camps de réfugiés depuis des décennies, mais pour leurs compatriotes qui arrivent tous les jours d'autres camps où la guerre interne syrienne les a touchés de plein fouet. Des camps de réfugiés palestiniens ont, en effet, été la cible de plusieurs bombardements de la part de l'armée syrienne qui aurait soupçonné la présence d'extrémistes islamistes et de rebelles de l'opposition parmi les déplacés. La dégradation de la situation humanitaire des civils syriens a accentué l'effet de cette crise qui a touché directement les Palestiniens. «Alors que le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés répond aujourd'hui aux besoins des réfugiés syriens au Moyen-Orient, les réfugiés palestiniens restent en dehors de son mandat, et de ce fait, ils ne reçoivent aucune aide d'urgence», lit-on sur le site de cette organisation humanitaire onusienne qui affirme, dans un communiqué diffusé à la presse, l'augmentation des difficultés à accéder à certains camps en raison des violences armées. «Sept des douze camps de réfugiés palestiniens sont des zones de guerre. Les tueries, les séquestrations, les destructions, la pauvreté et la peur sont devenus des éléments de la vie quotidienne», a expliqué un porte-parole de l'Unrwa lors d'une réunion de la Commission consultative de cette organisation à Amman en Jordanie, où se trouve également d'autres camps pour déplacés palestiniens depuis des décennies. «Près de la moitié des 530 000 réfugiés de Palestine en Syrie ont été déplacés en raison de la violence. Alors que 15% des réfugiés ont fui la Syrie pour trouver refuge au Liban ou en Jordanie, de nombreux réfugiés palestiniens de Syrie ont atteint l'Egypte, certains se rendant même dans la bande de Ghaza.
D'exil en exil Les réfugiés Palestiniens auraient peut-être supporté la diminution de l'aide humanitaire si la situation sécuritaire dans les camps ne s'était pas fortement dégradée ces derniers mois. Mais les faits sont là. Des familles entières ont été contraintes à renouer avec la douleur de l'exil après avoir pris racines en Syrie où elles avaient toujours espoir de revenir un jour en terre palestinienne. Parmi ces Palestiniens qui ont quitté la Syrie, la mort dans l'âme, les organisations humanitaire ont recensé plus de dix mille personnes rien qu'en Egypte fin juin dernier. Ce chiffre a depuis augmenté mais aucune statistique officielle n'a encore était établie. Au Liban où la crise syrienne a débordé, des milliers de Palestiniens ont trouvé leur nouveau refuge dans les camps de l'Unrwa qui se dit incapable des leur offrir l'hébergement, la nourriture et les soins nécessaires pour le moment. La raison en est que des centaines de familles syriennes se sont aussi réfugiées au Liban et la priorité de l'Urnwa va vers elles. «Avant que la violence n'éclate en Syrie, l'agence onusienne avait déjà du mal à répondre aux besoins des réfugiés palestiniens, en particulier les plus de 260 000 qui vivent dans 12 camps de réfugiés à travers le Liban», explique Samar El Yassir, responsable d'un programme d'aide médicale et d'éducation au profit des déplacés palestiniens au Liban. «Cela laisse ces réfugiés fuyant le conflit en Syrie totalement à l'écart. Plus de 50 000 Palestiniens venus de Syrie ont déjà trouvé refuge au Liban», a-t-il indiqué dans une tribune publié sur Palestine-Info, un site dédié à la cause palestinienne. La Jordanie qui vit une crise socio-économique qui a failli dégénérer en conflit entre l'opposition et le gouvernement est également concernée par ce flux de réfugiés palestiniens. «La Jordanie a connu l'arrivée de 500 000 Palestiniens provenant du Koweït en 1992. Cela a changé le mode de fonctionnement de notre société. Dans un pays de seulement trois millions d'habitants, 500 000 réfugiés [c'est beaucoup]», a déclaré, en mars dernier, un employé du gouvernement qui a préféré garder l'anonymat, a rapporté un organisme onusien Irin sur son site internet. «En tant que Jordaniens, nous nous inquiétons pour les intérêts de notre pays», a ajouté cette source. Les chiffres officiels sur le nombre de déplacés palestiniens qui ont quitté la Syrie pour la Jordanie ne sont pas connu avec exactitude mais ils dépasseraient les dix mille, selon les décomptes de la presse et les ONG. En résumé, «la détresse des réfugiés de Palestine en Syrie et de ceux qui ont fui le pays donne une dimension encore plus désolante au manque de progrès dans les négociations de paix israélo-palestiniennes. Pour les réfugiés, cette crise pourrait marquer de nouveau un tournant tragique. Dans les pays où les Palestiniens endurent leur exil, si douloureux et prolongé, leur histoire est liée à celle de leurs habitants», a souligné M. Grandi, le porte-parole de l'Unrwa. L. M.