La crise politique en Egypte se poursuit et aucun signe de détente n'est palpable entre le pouvoir incarné désormais directement par l'armée et les Frère musulmans visiblement déterminés à poursuivre leur mobilisation. Et ce, malgré les menaces et avertissements du pouvoir de disperser par la force leurs rassemblements au Caire. Au lendemain de la mort de 72 personnes dans les affrontements avec la police, la tension demeure à son extrême en Egypte. L'ONG Human Rights Watch a dénoncé un «mépris criminel» des autorités «pour la vie humaine». Ces morts montrent «une volonté choquante de la part de la police et de certains responsables politiques de faire monter d'un cran la violence contre les manifestants pro-Morsi», a estimé le directeur de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Nadim Houry. Les Frères refusent tout compromis qui reviendrait à accepter la destitution de Morsi. Ils réclament son retour comme préalable à toute discussion avec les autorités. Aux abords de la mosquée de Rabea al-Adawiya, dans le nord-est du Caire, plusieurs milliers de partisans de Morsi installés là depuis un mois résistent arborant des affiches et des banderoles à l'effigie de Morsi. Ignorant la menace des autorités de mener une action de force et scandant des slogans contre le général Abdel Fattah al-Sissi. Le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim, a promis une intervention «dans le cadre de la loi» appelant les protestataires à quitter les lieux d'eux-mêmes «pour éviter que le sang ne coule». Les partisans de Morsi accusent l'armée et certaines parties de vouloir perpétuer un massacre parmi les manifestants favorables au Président déchu qui refusent de quitter les lieux. La situation flirt allégrement avec l'embrasement. Le siège local des Frères musulmans à Menoufeya, dans le delta du Nil, a été incendié dans la nuit. A Port-Saïd, à l'entrée nord du canal de Suez, quinze personnes ont été blessées dans des heurts entre pro et anti-Morsi. Port-Saïd est l'une des villes les plus sensibles d'Egypte depuis la tragédie liée à un match de football en 2012 qui avait coûté la vie à quelque 70 personnes. Le général Sissi, avait appelé la population à sortir dans la rue pour lui donner «mandat d'en finir avec le terrorisme». Cette sortie impromptue du général a jeté le trouble dans la rue égyptienne. Jamais, depuis la chute de Moubarak le risque de l'éclatement d'une guerre civile n'est devenu autant palpable. Les islamistes mobilisent toujours dans la rue en soutien à Morsi, premier président du pays élu démocratiquement, toujours mis au secret par l'armée et sous le coup d'une mise en détention préventive. Les militaires ont installé Adly Mansour un président civil de transition. Une feuille de route politique devrait être appliquée prévoyant une révision de la Constitution et des législatives d'ici début 2014, suivie d'une présidentielle. En attendant le retour à la politique, l'Egypte est toujours dans l'impasse. M. B./Agence