Les Israéliens et les Palestiniens se sont retrouvés lundi soir à Washington pour annoncer au monde que les pourparlers de paix ont repris et qu'une rencontre aura lieu dans deux semaines entre Tel-Aviv et Ramallah. Ce nouveau round des négociations est parrainé par le Secrétaire d'Etat américain John Kerry qui a affirmé qu'un «accord final» sera trouvé d'ici neuf mois. «Les parties sont tombées d'accord aujourd'hui pour que toutes les questions du statut final, toutes les questions fondamentales et toutes les autres soient toutes sur la table des négociations. Je crois fermement que les dirigeants, les négociateurs et les citoyens qui s'investissent peuvent faire la paix pour une raison très simple : ils y sont obligés. Une solution viable à deux Etats est la seule voie pour résoudre ce conflit. Il ne reste pas beaucoup de temps pour y arriver et il n'y a pas d'alternative», a-t-il déclaré, lors d'un point de presse tenu conjointement avec l'ancienne ministre des Affaires étrangères israélienne Tzipi Livni et le principal négociateur palestinien Saëb Erakat. De tels propos avaient été tenus dans le passé par Washington, pendant que l'aviation israélienne poursuivait ses bombardements meurtriers sur la bande de Ghaza, soumise depuis cinq ans à un embargo total, dans l'indifférence de l'administration américaine, sous prétexte que le Hamas palestinien qui contrôle cette enclave est classé comme organisation terroriste. Officiellement, les négociations sont à l'arrêt depuis trois ans, mais pour le commun des Palestiniens, il n'y a jamais eu de négociations parce qu'à chaque rencontre entre les dirigeants palestiniens et les représentants de l'Etat israélien, les rapports de force étaient toujours favorables à Tel-Aviv, y compris en matière de soutien diplomatique. Cette fois-ci encore, à la veille de la rencontre de Washington, le Conseil des ministres israélien avait adopté un projet de loi prévoyant un référendum pour chaque accord avec les Palestiniens, dans le cadre de ce processus de paix. Le référendum deviendrait ainsi la dernière étape nécessaire pour entériner un éventuel accord de paix, après l'approbation du gouvernement puis celle du Parlement. Parallèlement aux décisions politiques qui risquent de créer des blocages réels lors des prochaines rencontres, l'Etat israélien poursuit ses projets de colonisation en toute impunité. Les Palestiniens avaient pourtant posé comme préalables à la reprise des pourparlers l'arrêt total des projets de constructions israéliens en Cisjordanie et à El-Qods occupée. Ramallah a-t-elle renoncé à cette condition ? Si c'est le cas, cela ne peut-être fait que sous pression américaine qui, pour rappel, s'est fermement opposé à l'admission de la Palestine en tant que membre observateur à l'Organisation des Nations unies. Rappelons en effet que les Palestiniens veulent bâtir leur Etat dans les frontières de 1967, mais sont prêts à négocier des échanges mineurs et égalitaires de territoires. Les Israéliens, de leur côté, excluent un retour à la ligne de 1967 et entendent annexer les principaux blocs de colonisation qui sont parsemés en Cisjordanie. Autrement dit, le sort réservé aux négociations israélo-palestiniennes, sous la médiation de John Kerry, ne seraient en réalité qu'un nouveau sursis pour Tel-Aviv de continuer sa politique de colonisation en toute tranquillité. Toutes les cartes sont du côté d'Israël qui peut geler les pourparlers de paix à n'importe quel moment et sous n'importe quel prétexte. L. M.