Négociateurs palestiniens et israéliens à Washington cette semaine. L'annonce inattendue en a été faite par le secrétaire d'Etat américain John Kerry depuis Ramallah, au bout d'un suspense de quatre jours d'intense activité diplomatique et d'entretiens avec le président de l'Autorité palestinienne et le premier ministre israélien. John Kerry, qui concluait sa sixième mission dans la région, a assuré vendredi que le négociateur palestinien Saëb Erakat et les négociateurs israéliens Tzipi Livni et Isaac Molho le rejoindront à Washington pour entamer les premiers pourparlers au cours de cette semaine, et que même une nouvelle annonce sera alors faite par Jérusalem et Ramallah sous le couvert de Washington. Quant au tour de magie qui lui a permis d'aplanir les divergences de longue date entre les parties israélienne et palestinienne, Kerry n'en a pas soufflé mot, se contentant d'avertir que celles-ci devraient faire des choix très difficiles dans les jours à venir. La seule chose qui a transparu dans son speech est que les nouvelles négociations resteront "privées", comme l'a toujours exigé Netanyahu. Abbas serait donc revenu sur sa décision première de claquer la porte face aux multiples intransigeances israéliennes, surtout qu'il aurait eu jeudi dernier l'appui de l'OLP. Comment expliquer ce retournement ? A-t-il obtenu des concessions, des garanties ? Autant de questions non résolues apparemment, puisque lui-même, en saluant l'accord de principe de la reprise des négociations, a tout de même souligné qu'il restait des "détails à régler". Ce que l'on sait est que la nouvelle feuille de route américaine a enterré le plan arabe de 2002 dit ‘paix contre territoire' et qui prévoyait l'établissement de l'Etat de la Palestine à l'intérieur des frontières de 1967 avec Al-Qods comme capitale, et que cet abandon a été accepté par la Ligue arabe lorsque John Kerry en avait fait l'annonce à Amman. L'Amérique d'Obama, qui s'est entièrement couchée devant Israël, a-t-elle convaincu Abbas sur les échanges de territoires pour compenser les grands îlots de colonisation en Cisjordanie ou encore sur le fait accompli concernant également Jérusalem-Est ? L'OLP a-t-elle accepté d'être encore mangée à la sauce israélo-américaine ? Déjà entité sans discontinuité géographique, comment sera physiquement l'Etat palestinien ? Un confetti avec des check-points jusqu'à la frontière avec la Jordanie. Et puis comment compenser ces colonies qui seront toutes maintenues et rattachées à l'Etat hébreu ? Obama, selon des indiscrétions concordantes et révélées par son propre congrès, avait "acheté" une partie du Sinaï pour 8 milliards de dollars, pour y transplanter des Palestiniens ! L'affaire aurait été conclue par Mohamed Morsi et son parti des Frères musulmans, lorsqu'ils étaient au pouvoir. La justice égyptienne enquête sur la question pour comprendre pourquoi l'ex-président est maintenu en détention et pourquoi également Obama insiste pour sa libération même si les Etats-Unis ont reconnu le coup d'Etat militaire qui a évincé celui-ci le 3 juillet. Le Hamas qui tient l'enclave de Gaza a rejeté pour sa part cet accord, un porte-parole du mouvement, Sami Abou Zouhri, réaffirmant que "M. Abbas n'a aucune légitimité pour négocier au nom du peuple palestinien sur des questions fondamentales". Ce que confirme son homologue du gouvernement du Hamas, Ihab al-Ghossein, qui a également affirmé que "le peuple palestinien n'acceptera pas qu'on négocie en son nom sans mandat". Même la ministre de la Justice et chef des négociateurs israéliens, Tzipi Livni, est loin d'être optimiste alors qu'elle doit rencontrer le négociateur palestinien Saëb Erakat à Washington pour entamer les "premiers pourparlers". Elle a salué Netanyahu qui a pris "des décisions qui représentent les intérêts importants d'Israël". C'est tout dit. Reste à savoir ce que va encore concéder Abbas ? D. B Nom Adresse email