La sensibilisation sur le lait maternel ne se fait pas relayer d'une façon continue dans les espaces voués à la santé maternelle. Sinon comment expliquer ce déclin critique alors que le pays engage des dollars pour étoffer les divers piliers pour la protection des populations en matière de prise en charge et de prévention. Les mamans se montrent-elles moins généreuses pour nourrir leurs bébés ou bien manquent-elles d'orientations et de conseils ? Aux multiples vertus, prouvées depuis fort longtemps, le lait maternel est un aliment vivant et frais qui passe de la mère à l'enfant, sans intermédiaire. Un constat scientifique agréé au terme de plusieurs expériences sur ce liquide nutritionnel, inimitable. Des preuves tangibles venaient conforter la thèse des spécialistes sur la nécessité d'allaiter son enfant dès la première heure qui suit sa naissance. Dès lors l'Organisation mondiale de la santé(OMS) et l'Unicef ont mis en place une stratégie en faveur des génitrices, arguant la certitude de faire baisser la mortalité de l'enfant grâce au lait pris au sein car «l'allaitement spécifique diminue la mortalité infantile imputable aux affections. Plus sa durée est longue (en nombre de mois) et plus il est exclusif (enfant nourri au sein seulement), plus ses effets bénéfiques sont importants». Un plan qui avait fait appel aux gestionnaires de la santé qui sont les seuls à promouvoir cette démarche avec une implication pluridisciplinaire (centre mères-enfants, médecins, sages-femmes et associations). Mais que représentent réellement ces assertions positives dans le chapitre de la protection des nouveaux nés en Algérie ? Pas reluisant au niveau des centres hospitaliers. Les statistiques fournies ces derniers mois par les diverses services de néonatologie montrent un faible pourcentage de recours à l'allaitement maternel et ce malgré les accouchements survenant en milieu hospitalier, dépassant les 90%. «Pas plus de 12% est le taux d'allaitement dans notre pays», précise une source officielle du ministère. Une fourchette assez basse par rapport aux autres contrées qui pourtant manquent énormément de moyens en «ressources humaines et infrastructures» en matière de santé maternelle, à comparer avec le budget gigantesque alloué au secteur en Algérie. Au point de croire que cette alimentation est presque délaissée ! Les campagnes de sensibilisation lancées conjointement par les ministères de la Santé et des Affaires religieuses n'ont pas vraiment collecté beaucoup d'échos. Un échec traduit par le manque de suivi dans les centres de soins, dans les zones «qui en disposent» à travers l'Algérie profonde. L'éducation sanitaire préconisée pour ce genre d'opération fait cruellement défaut. «C'est du ressort des sages-femmes et autres paramédicaux spécialisés d'œuvrer dans ce sens pour montrer les bienfaits du lait maternel, souvent délaissé par les jeunes mamans», explique un médecin. «L'information sur le lait maternel permet également de sensibiliser les mères à nourrir leurs enfants au sein», a-t-il ajouté. Sur un autre chapitre des professionnels évoquent des hospitalisations des nouveaux nés malades ou prématurés sans leur maman, ce qui constitue un autre manque ou sevrage en lait maternel. Ils estiment que la durée de l'allaitement est importante : «Le bébé devra bénéficier du lait de sa maman pendant les six premiers mois de sa vie.» Et l'allaitement doit se poursuivre jusqu'à l'âge de deux ans en l'associant à une alimentation de complément qui convient. Ce don de la nature garantit au bébé toutes les substances dont son organisme a besoin, et sans altérer ses organes vitaux, notamment les reins, assurent nos mêmes sources qui en énumèrent une partie des bienfaits : «Le lait maternel stimule le développement physique et intellectuel de l'enfant tout en assurant une maturation aux systèmes digestif et immunitaire. D'autant qu'il est facile à assimiler en présence de toutes les enzymes actives non allergènes qu'il contient.» Aussi il constitue une «mine» inestimable en matières grasses, notamment les acides gras omégas-3 permettant le bon développement du cerveau. En outre le geste d'allaiter va au-delà de nutrition, «Il permet d'entrer en communication directe avec son enfant». Pour la mère le fait d'alimenter son bébé au sein la prémunit contre des maladies certaines. Ainsi il diminuera à long terme du risque de cancer du sein, de l'ovaire ou de l'utérus. Et l'éventuelle souffrance d'ostéoporose est écartée. Une source saine et naturelle de surcroît qui n'est pas encore prise au sérieux pour la bonne santé des nouveaux nés. Les femmes enceintes ne devraient-elles pas être orientées dans les centres de santé pour qu'elles prennent conscience de la nécessité d'être longtemps généreuse en lait avec leur bébé à la naissance ? N. H.