Plaidoyer - Le Pr Djamil Leben, pédiatre et chef de service au CHU Mustapha-Pacha, a appelé à des assises nationales des naissances pour la promotion de l'allaitement maternel en Algérie. Il est question d'améliorer la gestion des maternités pour assurer aux mamans des conditions plus adaptées pour mettre leur bébé au monde, a-t-il affirmé en marge de la conférence-débat organisée à l'occasion de la célébration de la Semaine de l'allaitement maternel à l'INSP. Pour ce spécialiste, ces assises permettront également de faire avancer le processus de labellisation des maternités et la création des «Hôpitaux amis du bébé» (HAB), une stratégie internationale conçue par l'Unicef. La conception de ces structures hospitalières suppose comme préalable une formation adéquate en faveur des personnels de la santé censés transmettre l'information aux femmes enceintes et aux mamans et leur apprendre les bienfaits de l'allaitement. Les sages-femmes ont été pointées du doigt. «Aujourd'hui, 90 % des mères accouchent dans des lieux assistés, mais rien n'est fait pour encourager ces femmes à allaiter leurs bébés», a-t-il déploré. Outre le manque d'information, le Pr Leben a mis l'accent sur les mauvaises conditions d'accueil au niveau des PMI. «Quand une femme vient accoucher, qu'elle est mal accueillie, et qu'elle voit des mamans allongées à même le sol, comment voulez-vous qu'elle vous écoute pour la convaincre des bienfaits de l'allaitement ? Il faut offrir aux mamans un climat convenable et moins stressant pour mettre au monde leurs enfants et pouvoir ainsi les nourrir au lait maternel.» La prévalence de l'allaitement reste faible, a, pour sa part, affirmé le Dr Oubraham, qui affirme que la mortalité est 14 fois moins élevée chez les nourrissons allaités au lait maternel, lesquels se développent plus sainement. Selon les chiffres de l'INSP, 39 % seulement des enfants nés en 2008 ont bénéficié d'un allaitement maternel complet. En outre, les décès des nourrissons sont imputables en majorité à la malnutrition et à des infections pulmonaires. Et parmi les maladies qui peuvent se développer chez l'enfant n'ayant pas été nourris au lait maternel, les participants ont cité les diarrhées chroniques, l'hypertension artérielle à l'âge adulte, l'obésité, le diabète, l'irritabilité du côlon, l'allergie, etc. Dans le même sillage, le Pr Belkacem Chafi, chef de service en gynécologie au CHU d'Oran, a insisté sur la haute qualité du lait maternel, «produit biologique vivant et concentré en cellules de défenses, immunisant l'enfant sur plusieurs années», soulignant que la mère qui nourrit son enfant dans la demi-heure qui suit sa naissance, sera protégée des hémorragies post-partum et son utérus retrouvera sa taille normale dans le bassin. Par ailleurs, l'allaitement favorise la baisse des risques de développement du cancer du sein chez la maman qui allaite, ce qui a été prouvé scientifiquement, a résumé le Dr Kamel Kellou, directeur de l'Institut national de la santé publique (INSP).