Le sein, un refuge pour le bébé Tendance n Inconscientes, les jeunes mamans délaissent, de plus en plus, le sein et le remplacent par une tétine artificielle sous divers prétextes. Ainsi, elles passent outre même les directives de notre religion qui stipule que les mamans doivent donner le sein aux bébés durant 2 ans. «Bien que ses avantages ne soient plus à démontrer, le déclin de l'allaitement maternel menace le monde entier et est déploré dans les pays les moins nantis en termes de survie pour le binôme mère-bébé», révèle le chef de service de néonatalogie au CHU Mustapha, le Pr Djamil Lebane. L'Algérie n'est pas épargnée par le phénomène qui est devenu un véritable problème de santé publique. Unanimes, les médecins, sages-femmes et spécialistes du domaine disent que le déclin de l'allaitement maternel dans notre pays est, comme dans beaucoup d'autres, une réalité. Quelles sont les causes de ce déclin alors que le lait maternel est le seul aliment idéal pour les nourrissons pendant les six premiers mois de vie ? «Plusieurs facteurs ont contribué à ce déclin. Il y a d'abord l'absence d'éducation sanitaire et de préparation prénatale de la mère à l'allaitement maternel, alors même que toutes les conditions sont réunies pour mener à bien cette mission», se désole le Pr Lebane. Les professionnels de la santé et essentiellement le corps des sages-femmes, sont concernés, selon lui. «L'absence d'informations fiables concernant les bienfaits de l'allaitement maternel, l'insuffisance de formation en matière d'allaitement maternel tant au niveau paramédical que médical, la mise au sein tardive, l'insuffisance des conseils prodigués aux mères en période néonatale et la séparation du nouveau-né de sa mère dès sa naissance et spécialement pour les accouchements par voie haute sont autant de facteurs qui font que les mamans donnent de moins en moins le sein à leurs bébés», ajoute notre interlocuteur qui regrette au passage l'administration quasi systématique d'eau sucrée ou de tisane dès la naissance du bébé avant la mise au sein et la tolérance de la sucette par le personnel soignant au sein même des structures de santé. Le Pr Lebane évoque d'autres problèmes en relation directe avec le déclin de l'allaitement : l'hospitalisation des nouveau-nés sans leurs mères provoquant alors un sevrage brutal, l'absence de soutien à l'allaitement maternel dans le post-partum et des préoccupations d'ordre esthétique. L'allaitement maternel, selon lui, est le moyen le plus naturel et le mieux adapté pour nourrir un enfant. «Les bienfaits de l'allaitement maternel exclusif sont reconnus aussi bien au plan nutritionnel qu'au plan affectif. Il permet le développement harmonieux et l'épanouissement de l'enfant par les hormones de l'attachement qu'il mobilise et le comportement de maternage qu'il implique», dit-il avant de souligner la nécessité de comprendre que «l'allaitement maternel apporte beaucoup à la relation mère-bébé, mais aussi à l'équilibre socioéconomique des familles, des Etats et la protection de l'environnement». «Investir dans l'allaitement, c'est investir dans la santé future de la nation», assène-t-il. Le chef de service de gynécologie obstétrique au CHU Mustapha (Alger), le Pr Addad, estime, pour sa part, que le lait maternel n'est pas seulement un aliment complet «mais surtout un aliment gratuit, stérile et plus économique sur le plan financier et nutritionnel, en plus de l'apport affectif pour le bébé et le renforcement du lien avec sa mère. Le sein est un refuge pour le bébé et c'est ce que nos femmes n'arrivent pas à comprendre.»