Autres temps, autres mœurs. Ce qui constituait pour les mères un geste automatique dès les premiers instants où elles tiennent leur nouveau-né dans les bras est devenu au fil du temps, pour les générations qui ont suivi, une corvée que les mamans d'aujourd'hui évitent de bon cœur, avec juste un soupçon de mauvaise conscience qui ne pèse pas lourd. L'allaitement maternel est devenu presque un phénomène dans une société où les femmes prennent de plus en plus place dans le monde du travail, accomplissant péniblement leurs tâches dans la cellule familiale. Elles ne sont pourtant pas sans savoir que de ces premiers moments et de cette première phase dépend l'état de santé de leur enfant, le lait maternel ayant un rôle majeur dans le développement de ses anti-corps. Le lait en poudre et le biberon se sont substitués au sein de la maman, le nourrisson ne connaît pratiquement pas ce contact avec sa maman et s'il a connu ce bonheur, il en est rapidement sevré. Le travail et ses contraintes ne sont pas les seuls obstacles à cette pratique toute bénéfique à l'enfant, celle-ci s'est dissipée dans les méandres de l'abolition des traditions que les jeunes générations jugent caduques. Un constat consternant pour les vieilles femmes qui ne manquent pas d'en faire le reproche à celles qui privent leurs petits-enfants de ce précieux liquide dont l'absence est la cause de nombreuses carences. «Si chaque enfant était mis au sein dans l'heure qui suit la naissance, si on ne lui donnait que du lait maternel pendant les six premiers mois et si l'allaitement maternel était maintenu jusqu'à l'âge de deux ans, on sauverait près de 220 000 vies d'enfants chaque année», lit-on dans un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui assure avoir réuni de plus en plus de preuves sur les avantages de l'allaitement maternel pour la santé et qui recommande l'allaitement exclusif au sein dès la première heure qui suit la naissance. «L'OMS peut désormais affirmer avec certitude qu'il réduit la mortalité de l'enfant et que ses bienfaits pour la santé se ressentent jusqu'à l'âge adulte. Pour l'ensemble d'une population, on recommande désormais l'allaitement exclusif au sein pendant les six premiers mois de la vie et il doit se poursuivre ensuite jusqu'à l'âge de deux ans au moins, en l'associant à une alimentation de complément qui convienne.» Selon le même rapport de l'OMS qui a lancé en 1992, en collaboration avec l'Unicef, l'initiative des hôpitaux amis des bébés pour développer le soutien apporté par les maternités à l'allaitement et pour promouvoir cette pratique, «l'allaitement exclusif au sein diminue la mortalité infantile imputable aux maladies courantes de l'enfance, comme les diarrhées ou les pneumonies, et il accélère la guérison en cas de maladie». De même qu'«il contribue à la santé et au bien-être des mères, aide à espacer les naissances, réduit le risque de cancer ovarien ou mammaire, augmente les ressources de la famille et du pays. C'est un moyen sûr et écologique d'alimenter l'enfant». R. M.