La décision des pouvoirs publics de créer une Station de traitement des eaux polluées (Step) par lagunage au lieu-dit Kef El Doukhane, en aval de l'oued M'Zab, dans la commune d'El Atteuf (wilaya de Ghardaïa), n'est pas fortuite. Elle vise en effet à soulager les réserves conventionnelles jusque-là sur-sollicitées par l'irrigation des zones agricoles dans une région aride comme Ghardaïa, qui lutte depuis longtemps contre la sécheresse. C'est ce qu'a indiqué le directeur de l'hydraulique de la wilaya de Ghardaïa, Missoum Benritab, devant les caméras de l'Entv en déplacement tout dernièrement sur les lieux. Ce responsable a tenu également à rappeler que dans le cadre du programme national d'assainissement et d'épuration des eaux usées afin de promouvoir la politique environnementale durable et l'économie de l'eau par sa réutilisation à des fins agricoles, la wilaya de Ghardaïa a consenti un investissement global de plus de six milliards de dinars pour la réalisation de six stations d'épuration afin de traiter et réutiliser les eaux usées pour l'irrigation agricole. «Les six stations d'épuration par lagunage, en cours de réalisation à Berriane, Guerrara, El-Menea, Oued-Nechou, Noumerate et El-Atteuf, qui est, elle, entrée en service ces derniers temps, permettront de récupérer plus de 100 000 m3 d'eaux traitées, selon un processus qui permet d'atteindre plus de 90% de propreté», a indiqué le même responsable. A propos de la Step de Kef El Doukhane, Benritab informera que cette infrastructure novatrice et environnementale de «grande envergure», notamment en matière de développement durable, est conçue de manière à traiter les eaux usées naturellement, sans mécanisation ni apport chimique, au moyen de lagunage par système gravitaire, afin de les réutiliser pour l'irrigation de quelque 500 hectares. Le site de cette infrastructure de traitement des eaux usées de la vallée du M'zab, composée de 8 bassins de décantation, s'étale sur une superficie de près de 60 hectares. Concernant son coût de réalisation et la capacité de production, le directeur de l'hydraulique a précisé que le montant du projet s'élève à 3,8 millions de dinars pour une capacité de production de 76 000 m3 par jour. Il précisera au passage que les eaux épurées produits par la station de Kef El Doukhane seront exploitées essentiellement dans l'irrigation des terres des nouvelles exploitations agricoles qui vont être créées sur le périmètre identifié. Par ailleurs, et d'après les images montrées par la télévision algérienne vendredi dernier, cette grande Step est d'un grand intérêt pour les autochtones de la commune d'El Atteuf, puisqu'elle va permettre de relancer l'agriculture dans une région qui offrent des potentialités agricoles avérées mais qui, faute de pluviométrie et de ressources souterraines en eau réservées aux besoins de consommation des populations, s'est retrouvée non exploitée. Ainsi, à travers cette infrastructure, les pouvoirs ont cherché avant tout à créer une activité agricole dans une région comme dans beaucoup d'autres régions du pays où la pluviométrie enregistre des baisses de 5 à 10% à moyen terme. Cette stratégie s'inscrit dans le cadre du programme national de l'économie de l'eau, programme qui a été mis en place 2010 et devant s'achever en 2014, avec l'objectif de mobiliser les ressources hydriques conventionnelles et non conventionnelles pour «consolider les périmètres irrigués existants et l'identification de nouveaux périmètres», expliquait à l'époque le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. «Il s'agira en l'occurrence de mettre en place des équipements et des infrastructures d'irrigation et de drainage afin de développer les systèmes économiseurs d'eau, et améliorer la dotation en eau du secteur de l'agriculture», précisera le ministre. Cette stratégie est également un moyen pour faire face à la tendance de la raréfaction des ressources en eaux conventionnelles. Il faut souligner que la réalisation du programme spécifique de l'économie de l'eau devrait accroître la surface irriguée de 700 000 ha à l'horizon 2014, et reconvertir de 50% le sol irrigué (550 000 ha) en système économiseur d'eau. En clair, le ministère de tutelle projette de faire passer de 900 000 hectares (ha) à 1 600 000 ha la surface irriguée à l'horizon 2014. Cet objectif est réalisable à condition de réserver des volumes supplémentaires d'eau au secteur de l'agriculture, avec, entre autres, la multiplication du nombre de Step comme celle de Kef El Doukhane, qui est un moyen efficace pour accroître le nombre d'hectares irrigués, mais pas le seul, pour permettre à l'agriculture de réaliser de meilleurs rendements à l'hectare, et, partant, de réduire notre dépendance alimentaire des marchés extérieurs. C'est là un défi majeur à relever. Les enjeux qui s'annoncent en matière de sécurité alimentaire du pays, doivent être pris en charge. Z. A
Utilité des stations d'épuration Des études confirment que la récupération des eaux usées, pour l'agriculture essentiellement, peut permettre d'économiser près de 9 milliards de m3 d'eau (soit 30% du volume destiné à l'AEP et l'industrie), d'où la nécessité de traiter les eaux usées avant leur rejet. C'est d'autant plus nécessaire pour un pays comme le notre dont les deux tiers de la superficie sont formés de sols arides et semi-arides.