A quelques semaines de la fin de l'été, on s'attendait à Annaba -comme promis par le Premier ministre- à l'éradication totale de l'informel et à la «libération» des rues et des trottoirs, ce n'est pas vraiment le cas même si des efforts ont été faits dans ce sens. En effet, si certains de ces commerçants ont été recasés dans des marchés de proximité construits à la hâte pour tenir cette promesse, la majorité continue à occuper sporadiquement les espaces publics. Sporadiquement parce que les agents de l'ordre public interviennent de temps en temps pour leur donner la chasse, ce qui provoque parfois des désordres dans la rue où les vendeurs à la sauvette se rassemblent pour protester. La police intraitable sur la question confisque à tout va et embarque les plus virulents d'entre eux pour les relâcher quelques heures plus tard. Ce qui est surprenant dans tout cela, c'est que les commerces établis sur la rue Ibn KhaIdoun (ex-Gambetta), des commerces aux magasins bien achalandés se font complices de ces vendeurs en leur permettant de cacher leurs marchandises dans lesdits magasins alors qu'eux-mêmes se plaignent à chaque fois de ces commerces illicites. Il faut dire que depuis des années des liens se sont créés entre les premiers et les seconds de sorte qu'ils «s'entraident» pour braver l'autorité de l'Etat. Nous avons assisté, jeudi passé, à une descente de police dans cette même rue et nous avons constaté qu'effectivement il y a connivence et complicité ; dès que le fourgon de la police est apparu au coin de la rue, c'est la débandade, on court dans tous les sens tout en téléphonant à ceux qui se trouvent à l'autre bout pour les informer de la descente. Les produits exposés disparaissent comme par enchantement, poussés juste derrière l'entrée des magasins et la rue se trouve ainsi tout à fait «nettoyée et clean», les trottoirs rendus aux piétons durant près d'une demi-heure avant le retour en force de ces vendeurs. Pour les cambistes clandestins avec leurs sacs de devises étrangères, euros, dollars et dinars tunisiens, les liasses de billets qu'ils agitent dans les mains pour attirer les clients disparaissent ; ils se transforment en paisibles promeneurs ou en clients dans les nombreuses boutiques de la rue. Ce jeu du chat et de la souris continue durant toute la semaine, les policiers habitués à ces manœuvres, les vendeurs à la sauvette connaissant les horaires de passage, la situation perdure… Du côté d'El Hattab, près du square derrière le secteur militaire, l'informel s'y est carrément installé, il y a foule et les clients se bousculent, on y trouve de tout. Pêle-mêle, ustensiles de cuisine, sous-vêtements, serviettes, outils de toutes sortes, herbes fines, œufs, volailles, sont exposés sur les carrés de fleurs et de pelouses écrasées par les passants. Un espace public squatté et confisqué pour servir de lieu de commerce non contrôlé sans que rien ni personne ne s'y oppose. Le Ramadhan est passé par là… M. R.