Lorsqu'on parle de pollution en Algérie, incontestablement, le déchet plastique en est l'emblème. Les ordures ménagères, notamment les emballages plastiques, enlaidissent le pays entier jusque dans les coins les plus isolés et supposées naturels ou déserts. Dans les villes, les ordures jonchent les trottoirs, les rues, les espaces verts, les halls et cours d'immeubles, les bords de voies rapides… La situation est d'autant plus alarmante dans les campagnes où le milieu naturel est menacé par la profusion de déchets. Il arrive même que les sacs plastiques volent dans les airs et se confondent avec les oiseaux. Rares sont les quartiers qui disposent d'une benne ou d'un local à poubelle. Même quand il y en a, elles sont pleines à longueur de temps. Le manque de régularité du passage des éboueurs et le non respect des horaires par les citoyens qui jettent à tout moment en sont les principales causes. De fait, les ordures débordent, attirent les mouches et dégagent des mauvaises odeurs. Des nuisances tellement récurrentes qu'elles en deviennent banales. Il y a encore quelques années, le sac plastique était payant chez les commerçants et coûtait deux dinars pièce. Les vendeurs demandaient aux clients s'ils souhaitaient un sac avant d'inclure son prix dans le total à payer. Actuellement, par souci écologique, monnayer le sac plastique dans les commerces et grandes surfaces est une pratique quasi-généralisée dans les pays développés. Certaines grandes enseignes internationales de l'agroalimentaire reviennent même au sac en papier, qu'elles font également payer au consommateur. Une façon de responsabiliser les citoyens et de leur rappeler qu'un emballage coûte de l'argent à fabriquer mais aussi à détruire. Mais en Algérie, la tendance naturellement écologique s'est inversée et l'emballage, sous toutes ses formes, a insidieusement investi le quotidien des algériens, reléguant le couffin au rayon des antiquités. L'autre star du déchet d'emballage est la bouteille en plastique. La consommation d'eau minérale et autres boissons sucrées est tellement importante en Algérie que leurs emballages pullulent. Une fois vidées, ces bouteilles en plastique usagées sont même réutilisées dans la vente d'autres produits liquides tels que le lait caillé, la javel, l'huile… Pourtant, il est connu que le plastique contient des éléments chimiques en constante évolution et qui peuvent compromettre la salubrité des produits qu'on y stocke. Il serait aujourd'hui utopique de plaider pour la disparition du plastique mais des solutions de recyclage existent et permettent de réduire son empreinte écologique. Les déchets ménagers sont multiples et leur traitement diffère selon leur nature. Optimiser la gestion des déchets passe par le tri sélectif et leur valorisation à travers le recyclage. Mais avant d'en arriver à ces étapes, il faut déjà régler le problème du comportement des citoyens et améliorer l'efficacité des services chargés de la récolte des déchets. Le ministère de l'Environnement, de la Ville et de l'Aménagement du territoire en a fait son cheval de bataille. Les effets d'annonces se succèdent tandis que les ordures continuent à s'amasser n'importe où. Les décharges publiques autorisées ne suffisent pas à absorber les quantités de déchets déversées quotidiennement. Les déchets domestiques générés en Algérie sont estimés à plus de 13 millions de tonnes par an, selon le ministère. De fait, chaque jour, de nouvelles décharges sauvages sont créées sans que les sanctions n'y fassent rien. Ces déchets constituent une réelle menace sur la biodiversité mais aussi sur la santé publique. Leur bonne gestion reste un défi à relever. A. H.