Apparue dans les années 1970, l'utilisation des sacs plastiques s'est généralisée. Le prix de ces sacs distribués dans les commerces est répercuté sur le prix des produits vendus. Cet emballage est devenu le symbole de nos habitudes de consommation : on l'utilise une ou deux fois pour ensuite le jeter. Les sacs d'emplettes, sachets de lait, emballages de produits divers finissent souvent dans la rue. A leur suite, d'autres emballages plastiques à usage unique vont également finir sur la place publique. Citons par exemple les bouteilles d'eau et de limonade. Ce sac, qui est devenu l'un des symboles forts d'une société qui se soucie peu des impacts environnementaux de sa consommation, est disséminé par des citoyens de diverses conditions sociales et professionnelles. Signe de «modernité», la matière plastique est venue nous «faciliter la vie». Mais elle est aussi source de pollution. Ces sacs à base de pétrole polluent dangereusement et durablement la nature. Le plastique est rapidement devenu un matériel peu coûteux et plus solide par rapport au papier et aux produits végétaux. Auparavant, l'on servait la nourriture dans des assiettes en argile, l'on faisait de petits paniers avec de l'alfa et tressées, l'on faisait des petits plats en terre cuite et on buvait dans des cruches. Puis est venu le papier et le carton qui ont diversifié les produits en créant de nouvelles petites boîtes ou sacs en papier et carton. Jusqu'ici, l'environnement se porte bien, le matériel est biodégradable. Les habitants ont l'habitude de jeter par terre tous ces emballages, par manque de poubelles en ville, mais la nature ne s'en porte pas plus mal. Jusqu'à ce que soit introduit le plastique. Car avec ce dernier ne sont pas apparues de nouvelles habitudes de vie. Les gens n'ont pas appris à utiliser le plastique, et l'utilisent comme ils utilisaient auparavant les produits végétaux et le papier. Ils le jettent par terre. En ville, les oueds sont asséchés, il ne reste que le plastique. On les appelle des rivières de bouteilles de plastique. Les rues qui sont elles-mêmes remplies de plastique. Les automobilistes sont obligés de s'arrêter pour enlever le sac de plastique qui s'y est enroulé sous la voiture ou collé au tuyau l'échappement. Les jours de grand vent, c'est un ballet aérien de sacs, de véritables pluies plastiques que l'on s'inflige dans les rues de certaines villes ou aux abords des décharges. A la sortie de la ville, c'est à se demander si les Bordjiens essaient de faire pousser des sacs de plastique tellement il y en a à perte de vue dans les champs. Dans la campagne, beaucoup d'animaux meurent étouffés par le plastique parce qu'ils se nourrissent dans les champs ou les prairies garnis de ces sacs. En plein cœur des montagnes de Djaâfra, de Mansourah, des Bibans, de Harraza, on a devant nous un paysage splendide et à nos pieds un dépotoir de plastique. Le vent rapporte du plastique de toutes sortes, il y a plus de plastique que des oiseaux. Rappelons que ces sacs sont constitués majoritairement de polyéthylène ou plus rarement de PP (polypropylène) ou de PVC (polyvinyle chlorure). Ces matières premières dérivent à 100 % des produits pétroliers et ne sont pas biodégradables. Ces sacs à base de pétrole sont une source de pollution considérable, durant tout leur cycle de vie. Leur production consomme des produits pétroliers, de l'eau, de l'énergie, et émet des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. La fin de vie des sacs plastiques est particulièrement nocive pour l'environnement : il apparaît que leur recyclage n'est pas rentable d'un point de vue écologique et économique. 80 % des sacs en plastique ne sont ni triés ni recyclés : entre 100 et 400 années sont nécessaires pour leur dégradation. Comme ils sont légers, ils ont tendance à s'envoler, et on les retrouve partout dans les milieux naturels : champs, rivières, montagne et mer, où ils contribuent à la dégradation des paysages. Ils se retrouvent par centaines de millions dans la nature, et sont responsables de la destruction de la biodiversité. Evidemment, on pourrait éduquer à la consommation responsable. Parce que partout à Bordj Bou Arréridj, le plastique est utilisé en surconsommation. N'importe quelle petite chose achetée dans la rue est enveloppée dans deux ou trois sacs en plastique, si ce n'est pas plus. La récupération est primordiale, mais c'est à la source du problème qu'il faut s'attaquer : à la surconsommation. Ces dernières années, chez nous, la surconsommation est à la base de la pollution. «Je ne sais pas trop ce qu'on pourrait faire pour changer ces habitudes, ni quelle est la solution, étant donné qu'il y a tellement à faire dans cette ville, et qu'il est difficile d'établir des priorités», dira un spécialiste de l'aménagement de l'espace urbain. La solution la plus largement utilisée à ce jour dans les quartiers de la ville est de rassembler, puis brûler ces sachets lorsque leur présence devient trop gênante. Il faut savoir que ces sacs plastiques, fabriqués en polyéthylène, une substance dérivée du pétrole, ne sont pas biodégradables et que, même enfouis dans le sol, il faut jusqu'à 400 ans pour une «élimination» complète. La présence de ces sachets dans la nature pose un certain nombre de problèmes parmi lesquels on peut citer la dégradation visuelle et fonctionnelle de l'environnement, pollution du sol par les infiltrations et de l'air par les fumées des déchets incinérés, propagation des maladies et des odeurs nauséabondes, émanation de gaz toxiques. Tenant compte de ce qui précède, les écologistes proposent quelques voies de réflexion/action. «Il faut éduquer et sensibiliser la population sur le coût écologique des sacs en plastique et l'importance d'adopter un comportement responsable, qui se manifeste entre autres par la volonté à ré-utiliser un sac en plastique chaque fois que cela est possible, et ne le jeter, lorsque cela devient nécessaire, que dans les endroits indiqués. Il faut aussi encourager la population à revenir aux sacs réutilisables. C'est par exemple le cas des sacs en textile, le panier traditionnel en fibres végétales tressées, etc.»