La question de l'arbitrage a cela d'exceptionnel, mais également de régulier : elle reste toujours en suspens à chaque fois qu'elle est abordée par les instances concernées dans le cadre de la restructuration du football. L'arbitrage étant évidemment un pan de ce puzzle… et quel pan !! Celui souvent, en général, au centre des préoccupations de tous les acteurs impliqués dans cette discipline, une discipline où a été réussie la gageure d'inverser totalement l'éthique et toutes les valeurs qui en constituent l'édifice. Autrement dit, tous les fondamentaux, à commencer par la morale. Si la violence est une attitude recensée chaque semaine sur les stades, l'arbitrage, par ses frasques ou, du moins, les dommages collatéraux qu'il induit, l'est tout autant… à tort ou à raison. Il n'existera aucun lendemain de «jour de foot» sans qu'au moins un joueur ou un dirigeant se plaigne de «Monsieur l'arbitre». Il se trouve même des directions de club qui font une fixation sur l'homme en noir jusqu'à filmer tous ceux qui auront à officier les rencontres que leurs clubs auront à disputer. Ce qui semble, parfois, dans un tel cas de figure, relever du procès d'intention. Mais la réalité ne manque pas malheureusement de donner raison à des associations ou leurs dirigeants d'agir de la sorte. L'arbitre est aujourd'hui au centre de toutes les convoitises dans une rencontre de football. A l'issue de celle-ci, il est de notoriété publique que celui qui a gagné estimera ne pas avoir à gloser sur la qualité de l'arbitrage parce que «ça n'entre pas dans notre mode de onctionnement». Cette affirmation est vite inversée ; il suffirait pour cela que le résultat ne soit pas à l'avantage de la même personne, qui soutiendra que «cet arbitre est un vendu, tout le monde le connaît. Il a d'ailleurs la réputation de l'arbitre qui a combiné le résultat d'une rencontre moyennant le chargement en melons d'une Mazda bâchée». Ainsi, toutes les affirmations farfelues peuvent être balancées à l'endroit d'un referee. Ce ne sont malheureusement pas que des spéculations, il y a effectivement du vrai dans ce qui se dit ici et là sur le corps arbitral. La corruption est une vérité qui ne saurait être occultée et est parfois traduite dans la vie courante de certains arbitres. Il suffirait, pour peu, de voir leur train de vie et tout ce qui en constitue les détails. Existe-t-il, pour autant, un moyen de lutter contre cette corruption ? D'aucuns prennent un superbe raccourci en soulignant que, si les compensations matérielles et financières étaient à la hauteur des risques du métier, la tare de la corruption n'aurait pas droit de cité. Balivernes ! L'arbitrage et la corruption sont un peu comme cette quête de suprématie que l'on veut conférer à l'épée et au bouclier. A chaque fois qu'un bouclier résiste à une épée, il en est créé une autre d'un meilleur acier qui parvienne à transpercer le bouclier jusqu'à ce qu'un autre individu réalise un bouclier de meilleure qualité parce qu'il aura découvert un meilleur alliage, etc. En fait, une course éternelle. Considérons qu'un jour les instances en charge du sport décident de payer un salaire faramineux aux arbitres. Ils vivront au rythme de ce salaire parce qu'il leur confère un statut qui sera dépassé ; c'est de l'ordre de la nature de l'être humain même, jusqu'à l'incitation et la recherche d'autres pistes à même de les promouvoir à un autre statut. C'est ce que vivent les milieux du sport actuellement et c'est aussi un peu comme la justice en général qui a besoin d'en découdre avec les juges sur lesquels pèsent des soupçons de vénalité et qu'elle n'a pas réglé même avec une conséquente augmentation des revenus. L'arbitrage, comme son nom l'indique, est surtout une question de conscience. Il est le résultat d'une éducation de base d'abord, promue ensuite au stade de vocation. Les gens commencent à jouer au football pour le plaisir et changent par la suite. Les arbitres, dans les pays sous-développés, est-il important de le souligner, empruntent le même parcours. Les Algériens ont le football qu'ils méritent, le football algérien a les supporteurs qu'il mérite, les supporteurs ont les arbitres qu'ils méritent et inversement. De là à jurer que le football va sortir de l'auberge espagnole dans laquelle il se trouve, il n' y a que les gogos immortels qui seraient prêts à parier un sou. En conclusion, la question de l'arbitrage restera toujours obscure tant que la fédération et sa ligue, si promptes à publier dans les heures qui suivent toutes les décisions «punitives» prises à l'endroit des joueurs et des clubs ne se résoudront pas à faire la même chose pour des arbitres qui fautent grossièrement lors de rencontres décisives. A titre d'exemple, rien n'expliquera l'annulation, par décision de M. Boukedjar (arbitre), du but inscrit par Abadli du MOC face au WR Bentalha. Et les rumeurs qui circulent sur la suspension de ce dernier pour faute grave ne viennent que rajouter au délire. A. L.