En plus de la tragédie humaine ravageuse qui dure depuis deux ans, la Syrie subit une tragédie qui affecte son riche et fabuleux patrimoine culturel. Les destructions de sites et de monuments, les pillages et trafics de ses antiquités ont atteint un degré alarmant qui ont amené l'Unesco a lancé un véritable SOS pour la préservation de trésors inestimables pour l'humanité. Dans son action, l'Organisation onusienne de la culture des sciences et de l'éducation a tenu jeudi en son siège parisien une réunion de haut niveau comprenant des experts, des ONG, Interpool, etc., pour évaluer la situation actuelle du patrimoine culturel syrien. L'importance de cette rencontre a vu la participation d'Irina Bokova, directrice générale, et de Lakhdar Brahimi, envoyé spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe. Un rapport présenté par le directeur général des antiquités et des musées de Syrie, Maamoun Abdulkarim, a fait état de l'ampleur des destructions dont la mosquée des Omeyades et son minaret, trésor classé du VIIIe siècle, des anciens villages du nord du pays, des souks, également classés, des monuments à Damas, Palmyre, Homs et d'autres villes . Destructions et pillages. Au cours de la conférence de presse qui s'est tenue à l'issue de la réunion de haut niveau, Irina Bokova a indiqué que les pillards ont sévit dans six ou sept grands musées. S'ajoutent «des fouilles clandestines menées par des personnes qui cherchent des objets en vue de leur exportation par un trafic illicite». Pour Bokova «C'est du crime organisé par des organisations criminelles puissantes». Heureusement, contrairement au même phénomène subit par l'Irak lors de l'agression américaine en 2003, la Direction des antiquités et des musées de Syrie, est restée active. Ses 2 000 fonctionnaires, aidés par des citoyens, veillent tant bien que mal sur les 40 musées et les 10 000 sites archéologiques que compte le pays. Toutes les pièces des musées non volées sont cataloguées et maintenant entreposées dans des lieux sûrs. Et la lutte contre les pillages donne des résultats grâce à la collaboration de la police internationale, comme l'atteste la saisie de soixante-treize objets sur le marché de Beyrouth. Mais, la sauvegarde et la préservation du grand patrimoine culturel syrien demeurent une urgence. Comme l'a souligné Lakhdar Brahimi lors de son intervention au cours de la conférence de presse, si «La crise humanitaire syrienne et d'une ampleur catastrophique, la situation du patrimoine culturel syrien est aussi catastrophique». «Il faut protéger ce qui peut être protégé, préserver ce qui peut être préservé», a ajouté le diplomate international algérien qui a assuré l'Unesco qu'il «continuerait à faire passer le message pour mettre un terme à la destruction, au pillage et au trafic.» Un message qu'il a déjà transmis au Conseil de sécurité de l'ONU. M. M.