La prochaine tripartite s'annonce cruciale. A quelques semaines de sa tenue, les différentes parties concernées, gouvernement-Ugta-patronat, commencent déjà à baliser le terrain et peaufiner leurs propositions en vue d'aboutir à des résultats et des décisions concrètes. Le gouvernement, qui veut privilégier la concertation, s'est fixé des objectifs prioritaires notamment la lutte contre le chômage et la promotion de la production locale. En d'autres termes, l'exécutif compte aborder sérieusement les questions économiques. Sellal lors d'une récente déclaration, avait affirmé que «la prochaine tripartite accordera une importance particulière à l'aspect économique» et le pays doit «récupérer (sa) base économique». Certes, d'autres questions d'intérêt national pourraient être évoquées lors de cette rencontre, mais pour le moment seul cet aspect attire l'attention. Le patronat, de son côté, entend participer à cette tripartite d'une seule voix. En fait, plusieurs organisations patronales ont organisé ces dernières semaines une série de rencontres à l'effet de sortir par un document unique qui englobera toutes leurs propositions. Entre autres organisations patronales concernées par ce document, l'on peut citer notamment la Cipa, la Cgea, la Cnpa, l'Unep et l'Uni et le FCE. Ces organisations pourraient donc fournir un diagnostic précis sur la situation des entreprises privées particulièrement. Pour rappel, Sellal avait demandé aux patrons de faire part de leurs préoccupations. «Dites-moi où ça cale», avait dit le Premier ministre à l'adresse des patrons lors de la tripartite de novembre 2012. Les patrons avaient proposé alors de mettre en place un «pacte de croissance», lequel refléterait «une vision rénovée» de l'industrie et de la production nationale. D'autres solutions ont été également mises en avant notamment la création d'une «task force», l'évaluation des étapes précédentes et la correction des imperfections et l'organisation d'une conférence nationale sur le développement industriel. Somme toute, la dernière tripartie a permis aux trois partenaires de comprendre qu'un diagnostic profond de l'économie nationale est nécessaire. Actuellement, la situation économique se présente différemment, bien que les indicateurs économiques soient toujours au même niveau que l'année dernière. Depuis le début de l'année, les pouvoirs publics n'ont pas cessé, en effet, de lancer des mises en garde. La hausse de la facture des importations hante les responsables du pays. Le ministère des Finances est même en train de réfléchir à de nouvelles mesures pouvant améliorer la régulation du commerce extérieur. L'aveu du premier argentier du pays, Karim Djoudi, renseigne on ne peut mieux sur l'urgence de trouver un remède à cette hausse effrénée des importations. «Il y a eu évaluation des mesures d'amélioration de la régulation des importations», avait déclaré Djoudi récemment. Mais pour lui, le premier constat qui s'est dégagé de cette évaluation porte sur l'augmentation des importations de produits alimentaires, de produits pétroliers et des véhicules. Il s'agira donc pour les trois partenaires de trouver une solution de rechange. L'Ugta, par la voix de son secrétaire général, M. Abdelmadjid Sidi Saïd, fournit déjà un avant-goût de la rencontre. Il entend demander au gouvernement de réintroduire l'autorisation d'importation pour mettre un frein à la hausse effrénée des importations et encourager la production nationale. «C'est la règle au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'Union européenne (UE) et de la Zone arabe de libre-échange (Zale)», soutient le patron de la centrale syndicale. Il a affirmé par ailleurs que la mission actuelle est de «remettre l'édifice industriel public et privé en route, car ces deux secteurs sont complémentaires» précisant que «l'élément fondamental» de la prochaine tripartite sera celui de la réhabilitation de la production nationale. Ce que revendique d'ailleurs le patronat, mais d'une autre manière. De nombreux opérateurs économiques ont mis en relief les obstacles rencontrés durant leurs démarches et opérations économiques. Les lenteurs bureaucratiques persistent toujours. Le financement bancaire reste encore tributaire d'un certain nombre d'éléments et paramètres. Le foncier est également incessible. Ce sont-là quelques doléances soulevées ces dernières années par les patrons. Le gouvernement pour alléger les procédures et favoriser la production locale promet déjà un train de mesures à tous les niveaux. Le travail mené depuis quelques mois par le département de l'industrie semble satisfaire du moins une partie du patronat, associée d'ailleurs dans cette action. Le ministère de l'Industrie avait promis au temps de Cherif Rahmani d'introduire des mesures de facilitation et d'incitation dans la nouvelle mouture du Code des investissements. Il avait parlé aussi de la nécessité d'adapter les textes aux mutations économiques au plan national et international. Reste à savoir maintenant si la nouvelle politique industrielle adoptée dernièrement par le gouvernement va associer le privé national ou sera-t-elle dédiée exclusivement au secteur public ? Attendons pour voir la nouvelle orientation économique du gouvernement. S. B.