L'Algérie doit s'intéresser au gaz de schiste et l'exploiter, mais dans une forme d'organisation différente de celle qui sous-tend aujourd'hui le conventionnel. Pour l'heure, les conditions optimales ne sont pas encore réunies pour aller vers le schiste. C'est là le propos de Saïd Sahnoun, vice-président Amont Sonatrach. Il s'exprimait en marge d'une journée d'étude consacrée au non conventionnel, organisée hier par Sonatrach. M. Sahnoun a expliqué que l'exploitation du non conventionnel nécessite toute une industrie, un travail à la chaîne, différent des services aux puits connus dans les hydrocarbures conventionnels. Aujourd'hui, une croissance significative dans le développement et la production des réservoirs non conventionnels combinés à des courbes de déclin de la production et à des prix bas du gaz naturel ont conduit les compagnies pétrolières à repenser leur modèle de fonctionnement en amont traditionnel. Les projets de développement des réservoirs non conventionnels (RNC) sont soumis à un certain nombre de contraintes : faible marge bénéficiaire, coût élevé de production, volatilité du prix du gaz. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a expliqué qu'avec les projets d'hydrocarbures non conventionnels, nous sommes en train de viser l'augmentation des réserves de notre pays et par voie de conséquence une contribution directe dans la sécurité énergétique du pays à très long terme. Le pays s'est engagé ainsi dans un processus long aux techniques complexes. Il en est à l'expérimental ; en mars 2011, Sonatrach a réalisé avec le partenaire Schlumberger le monitoring sismique de la fracturation du puits Omkz202 (Hassi Messaoud), effectuée en 3 stages. En mars 2012, Sonatrach-FCP a réalisé avec le partenaire Baker Hughes le monitoring sismique de la fracturation du puits Mzls3 (Berkine), effectuée en 2 stages. Mohamed Kaced, expert algérien, explique que le taux de récupération de gaz des argiles avoisine une moyenne de 20%, relevant que les argiles radioactives supérieures ont d'excellentes propriétés pétrophysiques : la porosité effective, Kgas, and Sweff sont très, très bons. La quantité de pores inter/intraparticule est assez faible. Kaced ajoute que toutes les argiles radioactives ont un contenu d'argile très élevé avec notamment beaucoup de kaolinite, chlorite et smectite. Mr. Benameur Mohamed, cadre à Sonatrach Laboratoires-HMD, souligne de son côté, que l'effet de la relaxation des carottes est nettement visible sur les écarts entre les porosités et perméabilités mesurées dans les conditions ambiantes et celles in situ. Les mesures conventionnelles «réalisées dans les conditions ambiantes» ne sont plus représentatives. Pour le cas du cambrien de Hassi Messaoud, les fissures engendrées par relâchement des contraintes se referment à la pression de confinement de 7 300 Psi (503 Bar). Et correction apportée à la porosité : aucune différence entre le Sud et le Nord, a-t-il révélé. Les «shale gas» sont à la fois, une roche mère (argile organiquement riche) et un réservoir (à basses qualités) contenant du gaz, sous forme libre et absorbé. Le flux de ce gaz est lent. En raison d'un manque de perméabilité, les «gas shales» ou gaz de schiste, exigent presque toujours la stimulation de fractures et des densités de forages plus élevées. L'Algérie a adopté, fin 2012, une loi relative à l'exploitation du gaz de schiste. Elle accorde de l'importance à la protection de l'environnement. Y. S.