La déclaration du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a affirmé, mardi dernier, que «le dossier d'ArcelorMittal connaîtra prochainement une avancée qui permettra à l'Etat de détenir 51%, au dinar symbolique, de cette structure», a été saluée aussi bien par le syndicat de l'entreprise que par les milliers d'ouvriers de l'usine qui se sont dit plus confiants quant à l'avenir de leur outil de travail et de leurs postes d'emplois. «Nous sommes plus que satisfaits par cette déclaration que nous saluons et respectons parce qu'il aurait été anormal que l'Etat se désengage d'un complexe stratégique dont la production en acier peut atteindre les 2,2 millions de tonnes/an, pourvu qu'on y mette les moyens. Nous avons les compétences nécessaires, un capital expérience appréciable dans le domaine de la sidérurgie et le pays compte des cadres hautement qualifiés en management d'entreprise. Cette reprise ne peut donc que se confirmer et nous étions sûrs que les responsables du pays ne pouvaient pas abandonner ce complexe. Nous en sommes très heureux surtout qu'il va y avoir de gros investissements consentis par l'Etat par le truchement du groupe Sider, qui détiendra désormais 51% du capital. Pour notre part en tant que syndicat, nous allons sensibiliser et mobiliser les travailleurs de sorte que cette reprise soit un nouveau point de départ pour augmenter la production et réduire la facture d'importation de l'acier qui s'élève à 10 milliards de dollars par an», nous a déclaré, hier, M. D. Adel, membre du bureau syndical chargé des conflits au niveau du complexe sidérurgique. Dans les milieux ouvriers, la confirmation de la reprise par l'Etat du complexe a été accueillie avec une grande satisfaction et certains sont allés jusqu'à fêter cette annonce dans le restaurant du complexe. «Je suis vraiment heureux d'entendre ça. Cela nous a réchauffé le cœur. Maintenant, nous sommes sûrs que nos postes d'emploi ne seront plus menacés, il y a l'Etat derrière. Seulement, à notre tour, nous devons montrer que nous sommes dignes de cette confiance que nos gouvernants ont placée en nous en investissant tout cet argent. Nous devons travailler encore plus pour que le complexe retrouve sa stabilité d'antan et le rythme de production qu'il avait connu il y a quelques années.» Aujourd'hui, avec l'installation de la réduction directe, la production sera facilement multipliée par deux. La balle est dans notre camp et nous ferons tout pour que la situation s'améliore», nous a confié un technicien rencontré à la sortie du complexe. Un autre, ouvrier au LFR, nous dit que de tout cela il comprend que maintenant il aura affaire à l'Etat et non aux étrangers. «C'est déjà une bonne chose, parce que le premier responsable de l'usine sera Algérien et donc on pourra toujours s'entendre avec lui. Pour le reste, c'est-à-dire le travail, moi je le fais comme j'ai appris à le faire, mais maintenant je suis plus motivé et donc je peux mieux faire», ajoutera-t-il. Ainsi, il apparaît que l'annonce faite par M. Sellal n'a pas laissé indifférent et tout le monde à Annaba s'accorde à dire qu'il n'était que temps que l'Etat remette de l'ordre dans le secteur industriel pour une véritable relance de l'économie nationale. Concernant la reprise, elle se fera par l'entremise du groupe industriel public Sider qui va porter ses parts dans le capital de l'entreprise à 51%. Le Conseil des participations de l'Etat (CPE) a donné son feu vert début juillet dernier. Deux points étaient restés en suspens et devaient être résolus pour la mise en œuvre de cet accord de principe. Le premier concernait l'évaluation financière des 21% d'actions que va céder ArcelorMittal, qui détient 70% du capital, à Sider. La cession ne devait pas s'effecteur par un rachat des actions mais par une augmentation du capital de Sider dans le complexe d'El Hadjar, qui devrait avoisiner les 300 millions de dollars. Le deuxième point en suspens portait sur la nouvelle structuration industrielle d'El Hadjar. Le plan retenu prévoit la construction d'une nouvelle aciérie en vue de porter la production du complexe à 2,2 millions de tonnes par an, pour un investissement d'un milliard de dollars. Il est également prévu la réalisation d'une usine de réduction directe fonctionnant au gaz au lieu du coke utilisé actuellement comme source d'énergie pour alimenter le haut fourneau, et dont l'importation alourdit les charges du complexe. L'augmentation de la production du complexe sidérurgique d'El Hadjar fait partie du plan de redressement du secteur de la sidérurgie que l'Algérie a lancé pour fédérer tous les projets sidérurgiques autour d'un même objectif : atteindre l'autosuffisance en acier. En 2012, le complexe a produit 580 000 tonnes d'acier, un volume de production qui reste encore loin de l'objectif des 700 000 tonnes arrêté par le groupe pour l'année dernière. M. R.