Par Badiâa Amarni Fleuron de l'industrie nationale dans les années 1970, le complexe sidérurgique d'El Hadjar a connu bien des remous depuis son rachat à 70% par le géant de l'acier, l'Indien ArcelorMittal, et ce en 2001. A cette époque, beaucoup de voix se sont élevées pour dénoncer cette opération et nombreux sont allés jusqu'à parler de bradage de l'un des plus grands complexes industriels de l'Algérie. Des mouvements de grève ont été organisés par les travailleurs sur site pour dénoncer cette situation et même la mauvaise gestion qui a suivi. Les conflits étaient cycliques entre les travailleurs et l'actionnaire majoritaire à savoir ArcelorMettal. Ce dernier, rappelons-le, et dans le contrat qui le lie à l'Algérie, avait promis bien des investissements et le maintien des effectifs des travailleurs. Des promesses qui n'ont pas été toujours honorées, selon les observateurs. D'où ce bras de fer entre le syndicat et la direction. En effet, les investissements promis par l'Indien n'ont pas été tout à fait injectés et plus encore des pannes récurrentes du haut fourneau se sont produites. Ajouté à cela, le prêt sollicité, en 2011, par ArcelorMittal auprès de la BEA (Banque extérieure d'Algérie) en vue de l'obtention d'un crédit d'exploitation classique destiné au financement du cycle de production du complexe d'El Hadjar, d'un montant de 5 milliards de dinars, et aussi pour le rachat d'une dette de 9 milliards de dinars (environ 120 millions de dollars), contractée antérieurement auprès de Société Générale Algérie, une banque privée internationale de droit algérien, n'a pu être accordé par cette même institution bancaire. La BEA, rappelons-le, avait demandé à son client des garanties pour les 9 milliards de dinars, qu'il a refusé de fournir. Pour rappel encore, ArcelorMittal a brandi la menace de fermeture du complexe si le crédit demandé n'est pas accordé suivant ses conditions. Ahmed Ouyahia, alors chef du gouvernement, avait invité les responsables du complexe à gérer la situation avec sérénité. «Qu'on cesse de faire du chantage avec 6 000 salariés. Je dis à ces derniers qu'il faut être vigilant. Qu'on ne vienne pas marchander avec leur pain», avait-il averti. Il faut dire que ce géant mondial de l'acier est en difficulté financière depuis l'avènement de la crise économique mondiale en 2011, et est allé jusqu'à fermer certaines de ses usines à travers le monde. Face aux problèmes vécus au niveau de ce complexe d'El Hadjar, l'idée de sa reprise avait germé il y a de cela environ une année. Aujourd'hui, le processus de sa renationalisation touche à sa fin. Une réunion du Conseil des participations de l'Etat (CPE) s'était tenue pour examiner la possibilité de cette reprise qui est désormais une réalité puisque le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé mardi dernier que «le dossier d'ArcelorMittal connaîtra prochainement une avancée qui permettra à l'Etat de détenir 51%, au dinar symbolique, de cette structure». C'est donc Sider qui reprendra le contrôle de ce complexe sidérurgique en portant son capital à 51% au lieu de 30% auparavant, l'actionnaire étranger étant majoritaire à 70%. Pour information, rappelons-le encore, Sider devrait augmenter son capital à environ 300 millions de dollars. B. A.