Par Amine Echikr Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a situé les enjeux pour que la croissance économique soit endogène et non pas tirée par la dépense publique. Dans un entretien à l'agence Algérie presse service, Karim Djoudi a affirme que «le véritable enjeu pour la stimulation de la croissance se situe au niveau du financement de l'économie hors hydrocarbures. Dans ce sens, les banques jouent un rôle primordial en accompagnant les acteurs véritables de la croissance que sont les entreprises créatrices de richesse et d'emploi». Il expliquera la démarche du gouvernement par le soutien apporté aux banques publiques. Il déclare que «les pouvoirs publics ont apporté une contribution décisive en confortant l'assise financière des banques publiques dans le but d'accroître leurs capacités d'engagement bancaires afin de leur permettre d'accompagner la demande de financement émanant des opérateurs». Ce confortement de l'assise financière des banques «a été assuré par l'Etat à travers la recapitalisation des banques publiques a concouru à un relèvement de la croissance économique, hors hydrocarbures». Pour le ministre des Finances «cette croissance, tirée principalement par le secteur du bâtiment et des travaux publics et celui des services marchands, a enregistré des taux très appréciables, dont la moyenne pour la période 2001-2012 s'est située autour de 6% par an». Cependant déplore le ministre, «il reste à consolider ce résultat par une dynamique de croissance endogène». «J'ai toujours rappelé de façon récurrente la forte croissance des importations et la nécessité d'accroître l'offre à partir de la production nationale», a-t-il déclaré. La forte croissance a été stimulée, selon le ministre des Finances, «en partie par les investissements publics et privés ainsi que par l'augmentation de la demande de consommation qui, à leur tour, ont substantiellement accru la demande des biens d'équipements, de biens intermédiaires et de biens de consommation que l'offre extérieure par le canal de l'importation a pu couvrir significativement à ce jour». Concernant le développement de la production nationale, le ministre considère que «pour mettre en place une offre plus abondante de produits compétitifs se substituant aux importations», tous les acteurs économiques : entreprises, banques, organismes et institutions de régulation et d'encadrement ont cet objectif. Dans ce cadre, «les pouvoirs publics interviennent par la mise en place de mesures incitatives et d'un dispositif de régulation et d'organisation des activités approprié. Il demeure que l'effort de conception, d'innovation et de diversification des biens et services locaux compétitifs doit être complètement assumé par les entreprises en tant qu'acteurs économiques de premier plan», a-t-il affirmé. Concernant l'explosion de la facture des importations et le crédit documentaire, le ministre affirme que «les instruments et les techniques usités dans les transactions de commerce international n'ont pas vocation à réguler les quantités importées. Ils n'agissent que dans le sens d'assurer la sécurité des transactions, de permettre leur traçabilité et de garantir une meilleure transparence». C'est la vocation du crédit documentaire (Crédoc) «dont seulement les coûts opératoires sont négociés entre les deux parties, à l'opposé du transfert libre qui ne soumettait à aucun engagement les importations et qui permettait un transfert librement décidé au prix convenu par les parties». Il ajoutera, «concernant les éventuels surcoûts inhérents à l'utilisation du Crédoc, il a été demandé par le ministère des Finances à la Banque d'Algérie, dans le cadre de ses prérogatives, d'encadrer les conditions applicables à ces opérations en vue de les réduire. C'est dans ce cadre que les dispositions du dernier règlement promulgué par la Banque d'Algérie limitent les excès en la matière». Ainsi, pour le ministre des Finances, la relation banques-entreprises doit être solide et amplifiée pour que le budget de l'Etat ne soit plus le seul moteur de la croissance économique et pour que la production nationale puisse se substituer aux importations. Il s'agit là de tout le débat de la prochaine tripartite. A. E./APS
«Une politique de préservation du pouvoir d'achat» La maîtrise du taux d'inflation, qui a frôlé les 9% en 2012 avant d'entamer une courbe baissière dès février dernier, constitue une «préoccupation constante» du ministère des Finances ainsi que de la Banque d'Algérie (BA), a assuré le ministre des Finances. Karim Djoudi a réaffirmé que le gouvernement était engagé dans «une politique de préservation du pouvoir d'achat des citoyens et des populations». Il a rappelé à ce titre l'effort étatique de soutien des prix des produits et des services de base, qui a permis, selon lui, de maintenir une inflation à un niveau «raisonnable». La loi de finances 2013 prévoit quelque 1 400 milliards de dinars, soit plus de 18 milliards de dollars, de transferts sociaux. En 2012, plus de 200 milliards de dinars ont été consacrés pour les subventions des produits de base en Algérie : laits, blés, sucre et huiles alimentaires. La dépense sociale budgétisée représente presque un quart du budget de l'Etat et 13% du PIB national. En incluant les subventions non budgétisées, notamment au profit des produits énergétiques, ce taux atteindrait les 30% du PIB, selon certains experts. Selon une étude du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), l'Algérie figurait en 2010 parmi les pays arabes qui subventionnent le plus les produits énergétiques avec 10,59 milliards de dollars (quelque 800 milliards de dinars). Par ailleurs la BA, qui veille à la stabilité des prix en tant qu'objectif principal de sa politique monétaire, affinera prochainement sa politique de régulation pour mieux contrôler le système bancaire et pratiquer une politique de taux d'intérêt fondé sur le principe du taux d'intérêt réel et éviter par conséquent l'accumulation des créances non performantes, a-t-il affirmé.