Moteur de l'économie de la région tournant actuellement au ralenti, car touché de plein fouet par les événements au Sahel, le tourisme à Tamanrasset (2 000 km au sud d'Alger) revient au premier plan des priorités des tours opérateurs, des responsables locaux et des compagnies aériennes. Dans la capitale de l'Ahaggar, haut lieu du tourisme saharien, les activités touristiques contribuaient il y quelques années à hauteur de 70% aux revenus de la wilaya, avant de passer à moins de 30% à l'heure actuelle. «Le tourisme constitue un apport considérable au développement économique de la wilaya de Tamanrasset. Il représentait le moteur de l'économie pour la ville», a souligné Abdelhakim Chater, wali de Tamanrasset, lors d'une rencontre avec des opérateurs économique et un groupe de la presse nationale. Le nombre de touristes qui ont visité les différents sites touristiques à Tamanrasset a reculé à 904 touristes (entre algériens et étrangers), contre plus de 9 800 en 2007. «La chute enregistrée ces dernières années est due notamment à la détérioration de la situation sécuritaire dans les pays voisins», explique M. Chater, qui a précisé que la situation sécuritaire dans la wilaya «est rassurante». Le tourisme générait des emplois dans différents secteurs d'activité (hôtellerie-restauration, agences de voyages, artisanat..) avec plus de 2 600 travailleurs. Aujourd'hui, «plus de la moitié de cette main-d'œuvre est au chômage du fait du recul de l'activité touristique depuis plus de trois ans», souligne de son côté le directeur de wilaya du tourisme Abdelmalek Moulay. Pour la relance du secteur, la wilaya mise avec enthousiasme sur une politique d'investissement qui a pour but de faire de Tamanrasset une destination nationale du tourisme saharien et du divertissement. Ainsi, les autorités locales annoncent la création et l'extension de zones touristiques, et la rénovation de 2 700 maisons. Tout ce qui manque à cette ville tranquille dotée de paysages fabuleux sont les touristes. Afin de relancer les voyages touristiques, les tours opérateurs, les hôteliers et les transporteurs aériens ont décidé de réduire les tarifs jusqu'à 50%. Ainsi, certains hôtels, comme le «Tahat», offrent des réductions de 50%, le Caravansérail (auberge) propose quant à lui des réductions allant jusqu'à 60% par personne. Tassili Airlines a annoncé de son côté des réductions de 50% sur les réservations effectives entre mai et octobre 2013. Le coût du billet est passé ainsi de 30 000 DA à 14 000 DA. Les professionnels recommandent cependant des mesures à même de hisser le tourisme à un niveau qui soit à la hauteur des potentialités de la région. Parmi ces mesures, il y a notamment l'accord sur ces réductions durant la haute saison touristique et le renforcement des campagnes publicitaires. En attendant, la région tente tant bien que mal de maintenir une certaine activité touristique en abritant quelques manifestations culturelles comme la journée mondiale du tourisme, le festival des arts traditionnels, le salon national de l'artisanat, le festival national de la culture de la chanson amazighe, la fête de l'Imzad ... Des manifestations susceptibles d'attirer davantage de visiteurs dans la région, selon M. Moulay. Mais, en dépit de l'importance des potentialités naturelles dont dispose la wilaya, les infrastructures touristiques à «Tam» restent peu développés, sinon inadaptées à un tourisme de niche. La wilaya, dont la superficie représente le quart de la superficie totale de l'Algérie (environ 540 000 km2) ne dispose que de 7 hôtels (dont 4 classés) et 11 campings (dont 8 classés) avec une capacité d'hébergement globale de 1 011 lits. Ces infrastructures se concentrent uniquement au chef-lieu de wilaya. La ville de Tamanrasset, reliée à la transaharienne, est desservie par un important réseau routier qu'empruntent quotidiennement des centaines de camions de gros tonnage pour l'approvisionnement de la région en denrées alimentaires, produits agricoles, industriels et des matériaux de construction. Le transport est notamment assuré par cars et, surtout, par voie aérienne, avec les compagnies publiques Air Algérie et Tassili Airlines, filiale du Groupe pétrolier Sonatrach. Pour autant, la plupart des touristes étrangers et nationaux préfèrent faire le trajet par route, en passant par le gîte du père de Foucault, pour y passer une nuit à plus de 2 000 mètres d'altitude. Une sorte de passage culturel obligé, avant de poursuivre sa route, en plein Hoggar. APS