C'est un Sidi Saïd inhabituellement «discipliné» qui s'est présenté à la réunion avec le gouvernement et les associations patronales. Lors de son intervention à ce qu'il convient d'appeler la «Tripartite», Abdelmadjid Sidi Saïd n'a rien dit du fait que le protocole habituel n'ait pas été maintenu. Il entamera son intervention en expliquant que l'Union générale des travailleurs algériens a toujours été un acteur pour le développement économique du pays à travers «le solide consensus (…) bâti difficilement, mais sûrement depuis plusieurs années». Pour le secrétaire général de l'Ugta, «la crise économique mondiale doit être considérée comme un stimulant pour optimiser nos capacités industrielles à activer la mise en place d'un véritable tissu industriel public et privé, qui, outre l'appui de l'Etat, devra mobiliser l'ensemble des acteurs pour dynamiser notre économie nationale et son adaptation aux exigences d'une économie compétitive et moderne». Pour ce faire, l'Ugta préconise l'incitation des consommateurs algériens à consommer local et à réduire les importations par la réintroduction des autorisations pour tout ce qui est produit localement. Abdelmadjid Sidi Saïd expliquera cette position par la formule : «Un dinar de moins dans l'import-import, est un dinar de plus dans l'économie nationale.» Le secrétaire général de l'Ugta appellera également à l'enrichissement du pacte économique et social par un «pacte national de croissance économique et sociale», qu'il estime impératif pour répondre à l'ambition nationale de l'édification d'un développement «pérenne et durable» dans tous les domaines. A ce moment-là, et contrairement à sa promesse de ne pas sortir de son discours, Abdelmadjid Sidi Saïd répondra à ceux qui ont critiqué ses propos tenus à El Hadjar en milieu de semaine passée. «Nous sommes un syndicat de propositions. Nous savons faire les grèves. Quand nous faisions des grèves pour la préservation de l'emploi, nous n'avons trouvé personne pour nous soutenir. Maintenant, nous avons compris que la stabilité sociale était un des moteurs de la croissance économique. En Allemagne et en Angleterre, cela fait 40 ans qu'il n'y a pas eu de mouvements sociaux. Nous ne sommes pas le syndicat du pouvoir. Nous sommes un syndicat patriotique. Et même si nous sommes le syndicat d'un pouvoir, nous ne sommes pas le syndicat d'un pouvoir étranger», a-t-il déclaré en substance. Reprenant son discours écrit, il affirmera qu'un engagement moral entre tous les partenaires était nécessaire. Aussi, l'Ugta contribuera «activement à la réhabilitation et au développement industriel national ainsi qu'à la promotion et à la mise en valeur de la production nationale, facteur déterminant des avancées économiques et sociales dans la stabilité», a-t-il ajouté. Il espère, également, que le gouvernement pourra asseoir et intensifier la collaboration entre les entreprises nationales, qu'elles soient du secteur public ou privé. Il conclura par un appel à la tenue d'une prochaine tripartite qui se penchera sur les questions sociales relatives au monde du travail, notamment l'article 87 bis relatif au Snmg. A. E.