L'affaire du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni, soupçonné d'avoir participé à l'assassinat de Ali Mécili, tué par balles le 7 avril 1987 à Paris, ne semble pas près de connaître son épilogue. Depuis que la justice française s'est saisie du dossier, aucune évolution perceptible dans cette affaire n'a été notée. Pour d'aucuns, cette épineuse affaire est à même de nuire aux relations algéro-françaises. Ce sentiment s'est dégagé après que le juge Baudouin Thouvenot, chargé du dossier relatif à l'assassinat de l'opposant algérien, eut rejeté toutes les pièces fournies prouvant l'innocence du diplomate algérien. Depuis son arrestation par la police française à l'aéroport de Marseille, le 14 août dernier (le même jour, il a été placé sous contrôle judiciaire), sur la base d'un mandat d'arrêt international émis en décembre 2007 par la France, celui qui assumait les fonctions de responsable du protocole au ministère des Affaires étrangères n'a cessé de clamer son innocence. Pour lui, il ne fait pas l'ombre d'un doute qu'une erreur d'identité sur sa personne est derrière le calvaire qu'il vit depuis des mois. De leur côté, les avocats de Hasseni contestent la «validité» du mandat d'arrêt, lequel, selon une source proche du dossier, comporte deux noms, «Hasseni» et «Hassani». En outre, le lieu de naissance mentionné sur le dossier ne correspond pas à celui de Mohamed Ziane Hasseni. C'est d'ailleurs cet argument (erreur sur la personne de l'accusé) que M. Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères, mettra en avant lors de l'entretien qu'il a eu le 15 octobre dernier (au lendemain de la confirmation du verdict par la chambre d'instruction pour le maintien de la mise en examen du diplomate algérien), avec son homologue français, lors d'une visite à Paris. Le chef de la diplomatie algérienne a saisi cette opportunité pour exprimer à son interlocuteur «la grande préoccupation du gouvernement algérien devant cette affaire qui a pris une tournure inquiétante vis-à-vis du diplomate algérien». Par ailleurs, M. Medelci exprimera l'étonnement des autorités algériennes «devant la lenteur excessive de la justice française», dénonçant la campagne médiatico-politique déclenchée sciemment autour de cette affaire. Jeudi dernier, des sources diplomatiques algériennes établies à Paris ont regretté le fait qu'aucune évolution perceptible n'ait été enregistrée dans l'affaire du diplomate algérien. Ces sources relèvent le fait que M. Hasseni s'est conformé à la justice française en se soumettant aux tests d'ADN et de la graphologie. «En dépit du fait que les avocats de Hasseni aient fourni toutes les pièces prouvant l'innocence de leur client, le juge Baudouin Thouvenot, en charge du dossier, n'a pas hésité à les rejeter», ont tenu à souligner ces sources, ajoutant que «c'est une machine judiciaire qui a été mise en branle et qui veut obligatoirement un coupable, alors que M. Hasseni est innocent». En tout état de cause, et ce qui semble pour le moment certain, c'est que les autorités algériennes, tout en souhaitant un rapide dénouement (heureux), sont convaincues que cette affaire ne favorise guère un climat de sérénité entre les deux pays. On ne comprend pas le fait que, par le passé, les autorités politiques françaises aient intervenu pour trouver une issue rapide à des situations similaires à l'affaire Hasseni. B. L.