El Bahdja est une radio conviviale, sympathique même. Elle a aussi des idées. La dernière en date consiste à organiser avec le concours des instances compétentes une journée nationale du fair-play dans le football. Avec, comme point d'orgue, un match d'exhibition entre deux clubs populaires algérois, le Mouloudia et El Harrach, demain, dans une arène neutre, celle du stade de Kouba. L'objectif étant finalement de faire cohabiter, l'espace d'un match sans enjeux, les deux «peuples» mouloudéen et harrachi qui, semble-t-il, s'aiment comme d'irréductibles militants catholiques et protestants irlandais à Belfast. L'idée est très généreuse et part certainement de bons sentiments car le fléau de la violence dans le football ressemble à une plaie d'Egypte. Certes, une journée nationale pour le fair-play c'est largement insuffisant comme remède, c'est même dérisoire. Mais, contre le démon de la violence dans et autour des stades, phénomène endémique dans le pays, tous les moyens sont bons pour sensibiliser. Et comme le dit la vieille formule de l'Allemand Goebbels, «Répétez, répétez, il restera toujours quelque chose», pour El Bahdja, c'est donc sensibilisez, sensibilisez… En Algérie, le phénomène est tel aujourd'hui qu'il nécessite un plan d'urgence global, concerté et de longue durée, impliquant la société civile, la famille du football, les autres acteurs du mouvement sportif national, l'université, le gouvernement, les services de police et les leaders d'opinion, y compris des médiateurs religieux comme les imams qui ne doivent pas être avares de bonnes paroles. Les familles aussi, bien évidemment. Dans cette affaire, les pouvoirs publics, au-delà des actions ponctuelles et sans lendemain dont ils ont le secret, ne doivent pas considérer que la question est leur affaire propre. Pas plus qu'un autre en d'autres contrées, l'Etat algérien ne peut avoir vocation d'être démiurge. L'aurait-il voulu ainsi qu'il n'en aurait pas eu les moyens. L'expérience algérienne l'a d'ailleurs montré à la faveur de la succession de titulaires du portefeuille de la jeunesse et des Sports. Vérité de La Palice, une action conjoncturelle est souvent un coup d'épée dans l'eau. Il est un fait que seules la mutualisation des énergies et des intelligences et la fédération des volontés pourraient aboutir à quelque chose qui ressemblerait à un début d'enrayement du phénomène. Des pays évolués comme la Grande Bretagne, l'Allemagne ou la France, faute d'éradiquer définitivement ce phénomène consubstantiel à toutes les sociétés où le football brasse de l'argent et attise passions et pulsions, se sont tout de même organisés pour le contenir et le réduire. Sur ce chapitre, la grande Bretagne est le pays qui a le mieux réussi. Les stades anglais, comme on le voit sur les chaînes satellitaires, sont devenus des espaces douillets de convivialité. Ils sont même aussi sûrs qu'une église, un dimanche, ou une mosquée, un vendredi, dans un pays musulman tranquille. N. K.