Photo : Riad Par Y. Bouarfa Le RC Kouba n'a, finalement, tenu qu'une saison au sein de l'élite, le club banlieusard ayant payé les frais de son entêtement à évoluer coûte que coûte en division une. Il lui est reproché d'avoir osé porter son affaire devant la FIFA à Lausanne et de prendre de surcroît pour sa défense l'instance suprême du football mondial. L'aventure du RC Kouba en division une du Championnat d'Algérie de football, quant à elle, n'a donc duré qu'une seule saison. Promus parmi l'élite après le début du championnat et l'injonction de Tribunal arbitral des sports à partir de Zurich, qui avait ordonné à la FAF d'intégrer le RCK en D I, les Koubéens ont fini par faire les frais d'une programmation infernale. Le retrait du président Omar Rebrab des affaires du club, un effectif limité et l'instabilité du staff technique sont autant de facteurs qui ont contribué à la rétrogradation du club en division inférieure. Mais, pour beaucoup de Koubéens, c'est incontestablement la FAF qui est derrière la rétrogradation du Raed. «On l'avait compris le jour où l'ancien président de la FAF, Hamid Hadadj, a mis en garde les Koubéens sur le fait qu'on allait nous faire payer notre obstination à vouloir défendre notre droit», affirmait l'entraîneur adjoint de l'équipe, Mohamed Kaci Saïd. Pour rappel, suite aux réserves formulées sur le joueur koubéen, Krimo Khelidi, pour une affaire de falsification de papiers lors du match du mois de mai 2008 ayant opposé le RCK à l'USM Harrach, qui s'est soldé par un résultat nul (0-0), le Tribunal arbitral du sport (TAS) a donné raison au club algérois du Raed Chabab Kouba (RCK) face à la Fédération algérienne de football (FAF) et ordonné l'intégration du club en première division, dans un communiqué. Saisi par le RCK, le Tribunal a estimé que les Vert et Blanc n'avaient pas violé les dispositions du code disciplinaire de la Fédération algérienne et qu'«en conséquence, le résultat du match du mois de mai 2008 ayant opposé le RCK à l'USM Harrach [était] homologué». Il «ordonne», par ailleurs, à la FAF de restituer au RCK «les points retirés», en juin, et de «modifier le classement de la saison 2007-2008 de la deuxième division de la Ligue nationale de football algérienne en conséquence». Le TAS, qui confirme ainsi une décision provisoire du 20 août, a également condamné la FAF à verser 5 000 francs suisses (environ 3 000 euros) «au titre des dépens» au RCK ainsi qu'à payer les frais de l'arbitrage. La Fédération algérienne avait déclaré le RCK perdant «sur tapis vert» d'un match contre l'USMH (0-0) qui comptait pour la 37e journée du Championnat de deuxième division. Elle avait pris cette décision après avoir été alertée par l'USMH sur le fait qu'un joueur de Kouba avait disputé le match sous une fausse identité. En déclarant vainqueur le club de l'USMH, elle lui avait permis d'accéder à la D1 au détriment du Kouba. Cette affaire est la première dans laquelle un club algérien demande réparation de «préjudices subis» auprès du TAS. Depuis le début de la saison, le RCK ne jouait pas ses rencontres de D2, la Ligue nationale de football reportant systématiquement ses matches. Le TAS de Lausanne ordonne l'accession du RCK Se sentant lésé, le RC Kouba porte l'affaire devant le Tribunal arbitral du sport de Lausanne, qui a tranché en faveur du club algérois dans l'affaire qui l'oppose à la Fédération algérienne de football (FAF). En effet, dans une correspondance adressée au RCK et à la FAF, en date du 20 août 2008, le TAS de Lausanne indiquait que «vu l'article R37 du code de l'arbitrage en matière de sport, le tribunal du sport statuant sur la requête de mesures provisionnelles urgentes déposée par le RCK édicte le dispositif suivant : Il se déclare compétent pour statuer sur ladite requête. Il déclare ladite requête recevable. Il y fait droit et autorise le RCK à évoluer en première division du Championnat national de football algérien pour la saison 2008-2009 et ce, dès la prochaine journée de ce championnat, jusqu'à droit connu sur le fond. Il ordonne, en conséquence, à la FAF d'intégrer immédiatement le RCK, en tant que club supplémentaire, au Championnat national de football algérien de première division et d'adapter le calendrier de ce championnat à cet effet. Il dit que les frais de la présente ordonnance suivront les frais de la cause au fond. Les parties sont, à ce stade de la procédure, déboutées de toutes autres et plus amples conclusions». Ainsi, le Tribunal arbitral du sport de Lausanne (TAS) rétablit le RC Kouba dans ses droits et «ordonne à la FAF d'intégrer immédiatement le RCK, en tant que club supplémentaire au Championnat de football algérien de première division». La FAF a de nouveau été contrainte, cette fois par une instance internationale reconnue par la FIFA, de recourir au même procédé, à savoir organiser un championnat avec un nombre impair (17 clubs). La «bataille de procédure» menée par les dirigeants koubéens aura duré 52 jours, à l'issue desquels le RCK peut enfin goûter à la joie de l'accession. La réunion du bureau fédéral a duré plusieurs heures et tenu en haleine les observateurs. Elle n'a pas fait évoluer la situation comme l'espéraient tous ceux qui réclamaient la fin de ce triste feuilleton. Au contraire, le bureau fédéral l'a prolongé en utilisant le prétexte de solliciter le président du TAS de Lausanne pour lui demander des «explications» au sujet des motivations de la décision qui oblige la FAF à faire accéder le RC Kouba en division une. A travers cette parade, le président de la fédération et son bureau fédéral cherchaient encore à gagner du temps. La politique de pourrissement prônée dès le début par cet organe visait un seul objectif : retarder au maximum l'application de la décision définitive du TAS de Lausanne. Après l'épisode farfelu de la correspondance adressée à la FIFA le 24 août 2008, un alibi pour maintenir le statu quo, et ne reculant devant rien pour bloquer la situation, la FAF a fait appel aux services d'un avocat étranger pour «défendre» une cause perdue d'avance, et que les décisions que rend ce tribunal ne subissent jamais de modification. La mauvaise volonté manifeste de la FAF à recourir à tous les moyens pour accentuer la crise qu'elle a créée, n'a pas eu raison du RCK qui continua à réclamer justice. Ce fut chose faite, car le Tribunal arbitral des sports de Lausanne a rendu son verdict par voie du communiqué de presse, rétablissant le RCK de manière définitive dans ses droits. Le TAS a ordonné à la FAF de restituer au RCK ses points «spoliés» par la décision injuste de la notoirement incompétente LNF. Il condamne aussi la FAF à verser des dommages au RC Kouba (5 000 francs suisses) et met à sa charge les frais d'arbitrage. La fin du cauchemar pour tous les inconditionnels koubéens ayant duré tout l'été, aura forcé le destin d'une manière historique, qui restera dans les annales du football algérien. Un club abandonné, achevé par la FAF Si la défaite à domicile contre le NAHD 0-2 a scellé définitivement le sort des Koubéens, c'est surtout la défaite 5-1 en semaine à El Harrach qui aura symboliquement «tué» un RCK, certes, abandonné en cours de saison par le patron de Huyndai Algérie, à savoir Omar Rebrab, mais dont les faiblesses dans le jeu étaient criantes puisque seul un joueur émergeait dans cette équipe, l'attaquant Sid-Ali Yahia Cherif. Depuis son accession en division une suite à la décision de la FIFA, le club n'en finissait pas de manger son pain noir. En effet, depuis un 26 mai de sombre mémoire, le sort semblait s'acharner sur le RCK. La venue d'Omar Rebrab était porteuse de grands espoirs pour le club et les milliers de supporters qui lui avaient ouvert grandes les portes de leurs cœurs. Mais ils ont vite déchanté, le patron du RCK a remis les clés sans crier gare. Il restait alors le cumul des matches qui cause à la Ligue nationale de football un gros problème dont elle devrait trouver la solution assez rapidement. La LNF était tenue de trouver une solution au problème de matches remis. Mais cela était extrêmement délicat pour dégager des dates pour les matches non joués. Deux calendriers ont été élaborés sans pour autant trouver la bonne formule. Pour la FAF, l'une des solutions qui pourrait être préconisée consistait à faire jouer deux matches par semaine à ce club. Ce qui a fini, par user les joueurs, pour des raisons liées à la fatigue et au rythme des matches que les joueurs n'ont pu supporter. Le club algérois est descendu en division 2 pour avoir cumulé un grand nombre de matches en retard, et les nombreuses blessures occasionnées durant ce marathon. L'équipe koubéenne avait été obligée de rattraper tout son retard dans une période très courte parce qu'il fallait jouer les dernières journées de championnat sans aucun match remis au compteur de la LNF. La messe était dite bien avant la fin de la saison.