De notre correspondant à Constantine A. Lemili Presque une cinquantaine de personnes ont été convoquées pour la journée de samedi dernier par les services de la brigade financière de la Sûreté de wilaya de Constantine. Il s'agit des travailleurs du CHU de Constantine appelés à être entendus par le procureur dans le cadre d'une affaire sur laquelle une enquête a été ouverte depuis près de deux années, puis est demeurée en suspens en raison des décès successifs des deux officiers ayant été chargés de la conduire. La réouverture du dossier a sans doute permis de situer les responsabilités des uns et des autres et de faire le tri entre dénonciateurs, plaignants, témoins à charge, présumés inculpés et témoins à décharge. Le procureur a auditionné deux personnes, celles considérées comme témoins à charge, dans un dossier qui s'achemine toutefois sur une deuxième affaire en plus de celle relative à la gestion des œuvres sociales. Il s'agit du règlement de frais de mission fictifs, une affaire dans laquelle sont impliqués des cadres du CHU, notamment le directeur de l'administration. En tout état de cause, la Tribune a eu à se faire l'écho des remous suscités au sein du CHU par l'extraordinaire gabegie dans la gestion des œuvres sociales, une histoire partie sur la plainte d'une syndicaliste à l'encontre de ses collègues et qui aurait permis tout au long des investigations et des auditions d'une centaine de personnes d'en déterminer les tenants et les aboutissants. Le préjudice commis, selon nos sources, depuis une dizaine d'années par la composante inamovible des gestionnaires, tous syndicalistes d'obédience UGTA, s'élèverait à plus de six milliards. Les torts, notamment assistance à travailleurs dans le besoin, aides diverses pour mariage, décès, circoncision, auraient été commis à l'insu de dizaines de travailleurs qui se seraient retrouvés bénéficiaires de prêts, voire de contributions financières, souvent non remboursables, fictives. Le syndicat autonome SNAPAP avait saisi l'opportunité pour rappeler qu'il n'avait eu de cesse de dénoncer, mais en vain, les procédures et comportements surréalistes prévalant dans la gestion des œuvres sociales, allant jusqu'à accuser de complicité passive bien des responsables dont d'ailleurs certains se sont retrouvés chez le procureur. Ce n'est qu'au cours de l'année 2008 que la direction générale du CHU décidera de dessaisir l'organe de gestion (UGTA) de la… gestion des œuvres sociales et revenir ainsi à l'orthodoxie réclamée par le même SNAPAP. Aujourd'hui, c'est à une commission démocratiquement élue et représentant toutes les sensibilités syndicales qu'ont été confiées les œuvres sociales. Le SNAPAP ayant même été jusqu'à solliciter comme l'exigent les textes réglementaires que la gestion soit confiée à un organe administratif qui sera placé sous le contrôle de l'administration générale mais dont les programmes d'activités seront dressés par les syndicats en commun accord. Soulignons enfin que certains parmi les travailleurs qui se sont déclarés comme témoins à charge dans cette affaire ont été l'objet de menaces anonymes à leur endroit et souvent à l'endroit des membres de leur famille. L'un d'eux nous déclarera avoir «été directement menacé» mais il a préféré persister et signer. Le dossier a été mis en examen, toutes les personnes concernées ont commencé à être entendues depuis hier.