Synthèse de Hasna Yacoub «L'Algérie a réussi à mettre en faillite la branche maghrébine de l'organisation terroriste Al Qaïda», a affirmé, mercredi dernier, le coordinateur américain de lutte contre le terrorisme, le général Dell L. Dailey, dans un entretien accordé au journal Al Hayat, rapporté par l'APS. Le général Dailey, qui a salué les efforts de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme, a déclaré que «la branche d'Al Qaïda au Maghreb islamique [BAQMI], sous la pression du gouvernement algérien, est de plus en plus affaiblie». Il s'est également félicité de la coopération algéro-américaine dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Une coopération qualifiée de «haut niveau» par le coordinateur qui estime que «les Algériens sont très coopérants avec les Etats-Unis» et qu'Al Qaïda a «beaucoup perdu de son effet et de sa capacité à manipuler, à sa guise, les groupes terroristes locaux». Le général Dailey est également revenu sur les attentats suicides perpétrés en Algérie ces derniers mois, en assurant que l'allégeance des groupes de la branche d'Al Qaïda au Maghreb à la nébuleuse d'Oussama Ben Laden «les a poussés à utiliser ses méthodes, notamment les attentats suicides et l'assassinat d'innocents». Des actes que «le peuple algérien rejette», précisera-t-il, avant d'ajouter que «le peuple algérien, qui refuse cette odieuse criminalité, a rejeté Al Qaïda et sa branche maghrébine». Par ailleurs, le général Dailey a indiqué que «l'échec de transfert de fonds» est l'une des difficultés auxquelles fait face la BAQMI suite à la faillite d'Al Qaïda. Selon ce responsable, «actuellement en faillite, Al Qaïda ne pourrait transférer suffisamment de fonds à ses partenaires régionaux pour causer des troubles». En conséquence, les actes terroristes dans le monde sont en recul et «la lutte contre le terrorisme a, dans son ensemble, enregistré des succès». Mais ce que regrette le coordinateur américain et qu'il qualifie de pire, «c'est de voir de sanglants attentats terroristes faire la une des télévisions et médias internationaux» et ce, malgré la prise de conscience internationale des dangers terroristes. «Tous les pays sont, de nos jours, convaincus qu'ils peuvent être, eux aussi, la cible d'attentats terroristes. C'est pourquoi, ils contribuent davantage dans la lutte contre le terrorisme à travers le renforcement du renseignement et l'adoption de législations appropriées», soutient le général Dailey. Ce réseau de renseignement international vise d'ailleurs à se renforcer pour mieux serrer l'étau autour des trafiquants d'armes et les fournisseurs des terroristes. Jeudi dernier, des responsables de l'UE ont exposé à Rabat les grandes lignes des règles européennes sur les exportations d'armes, appelant les pays d'Afrique du Nord à y adhérer dans le but, notamment, de lutter contre la prolifération des armes dans la région et le terrorisme. Les objectifs de cette réunion portent, notamment, sur «l'aide logistique, la formation des contrôleurs, l'élaboration de rapports nationaux et le soutien au traité sur le contrôle des armes de l'ONU», a indiqué Jean-Luc Brunet, représentant la présidence française de l'Union européenne (UE). «Cette rencontre sur les exportations d'armes est une première entre les deux rives de la Méditerranée», a-t-il ajouté. La réunion de Rabat, qui a pris fin hier, a regroupé des représentants de l'UE, des cinq pays de l'Union du Maghreb arabe (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie) et de l'Egypte. «Ce qui s'applique à l'UE peut s'appliquer à votre région», a déclaré Rose-Marie Chabanski, représentant le secrétariat général de l'UE, qui exposait les grandes lignes de la politique de l'UE en la matière. Près de 75% des expéditions de l'Atlantique vers l'océan Indien traversent la Méditerranée, et des groupes terroristes peuvent s'emparer des armes, a déclaré de son côté le représentant de l'Italie, Diego Martini. «Nous devons tous combattre le terrorisme», a-t-il souligné. Le représentant du Maroc, Youssef Amrani, a évoqué pour sa part les risques liés aux armes légères et de petit calibre (ALPC). «Leur prolifération incontrôlée, conjuguée aux trafics d'armes illicites, alimente la criminalité, attise les conflits, ébranle la stabilité et compromet le développement», a-t-il estimé. Selon l'ONU, sur 49 conflits dans les années 1990, 47 ont été menés avec des ALPC, dont 600 millions sont actuellement en circulation dans le monde, a-t-il ajouté.