Les prix du pétrole chutent encore une fois et touchent le fond. Après le seuil des 40 dollars, celui des 30 dollars arrive. Ils n'ont jamais atteint de telles proportions depuis plus de quatre ans. Ainsi, les prix du brut sont tombés hier sous le seuil des 34 dollars le baril à New York, chutant jusqu'à 33,44 dollars, un niveau plus atteint depuis la séance du 2 avril 2004, rapportent les agences. Après ce nouveau plus bas, le cours du baril de «light sweet crude» pour livraison en janvier (dernier jour de cotation de ce contrat) perdait 2,61 dollars, à 33,61 dollars, sur le marché new-yorkais Nymex. En revanche, à Londres, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 43,43 dollars, en hausse de 8 cents par rapport à la clôture de jeudi soir. Cette dégringolade, inexpliquée, survient au moment où la réduction opérée par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a été qualifiée d'historique. Le marché pétrolier, vraisemblablement, «sourd», a réagi négativement à cette action sévère, concertée et appuyée. Et les analyses et les explications, ce n'est pas ce qui manque. «La récession mondiale continue à saper la demande» de produits pétroliers, commente David Evans, analyste chez BetOnMarkets, qui rappelle que les cours avaient déjà chuté mercredi en dessous de la barre des 40 dollars à New York, malgré la décision de l'OPEP de baisser sa production de plus de deux millions de barils par jour. Par ailleurs, comme l'ont remarqué des opérateurs, l'expiration du contrat de janvier sur le marché new-yorkais a pu encourager les investisseurs à liquider leurs positions. Même les analystes de la banque américaine Goldman Sachs, qui jugeaient possibles il y a quelques mois des pics à 200 dollars, avancent désormais que le baril pourrait tomber prochainement à 30 dollars. D'autres n'ont pas hésité à pointer du doigt la Russie et globalement les pays hors OPEP, lesquels n'ont pas concrétisé leurs intentions lors de la conférence d'Oran. La Russie, qui a annoncé son intention de devenir un membre de l'organisation pétrolière, n'a proposé finalement qu'un retrait du marché de 320 000 barils. Or ce volume ne correspond, selon les observateurs, qu'au recul de sa production en 2009 en raison du sous-investissement dans le secteur pétrolier. Les autres pays hors OPEP n'ont pu aller plus loin que les Russes. Face à cet effondrement des prix sans précédent, hier, de nombreuses déclarations officielles ont mis les points sur les i. Le ministre saoudien du Pétrole a ainsi expliqué que les prix sont influencés par des facteurs spéculatifs. «Je continue à penser que des facteurs non fondamentaux [spéculatifs] continuent à impacter les prix du pétrole, à la hausse comme à la baisse», a dit le représentant de l'Arabie saoudite. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a également dit que l'OPEP abaissera sa production jusqu'à ce que les prix se stabilisent. S. B.