Les cours mondiaux de pétrole brut affichaient lundi une chute d'environ 1,3% sur les marchés mondiaux. Le prix du pétrole brut a chuté, hier matin, sous 90 dollars à New York, son plus bas niveau depuis huit mois, alors que la crise financière sape les perspectives de demande et que le renforcement du dollar précipite une fuite des investisseurs.La crise financière s'étend au marché pétrolier: les cours, qui trois mois plus tôt frôlaient 150 dollars, sont tombés lundi sous le seuil de 90 dollars le baril à New York, soit une chute de près de 40% en trois mois. Ils ont atteint 85,56 dollars à Londres et à 89,07 dollars à New York, leurs niveaux les plus bas depuis début février. Vers 10H45 GMT, ils valaient 86,71 dollars à Londres, en baisse de 3,54 dollars par rapport à vendredi soir, et 89,92 dollars à New York, cédant 3,96 dollars. "Les acteurs du marché continuent à craindre que les conséquences de la débâcle des subprimes ne freinent de façon importante la croissance économique mondiale et n'entament la demande de matières premières, et notamment d'énergie", a résumé Andrey Kryuchenkov, de la maison de courtage Sucden. La baisse de la demande est déjà manifeste aux Etats-Unis - la consommation de produits pétroliers a flanché de 7,1% sur un an - ainsi qu'en Europe, où les consommateurs ont réagi à la flambée des prix. En France, la consommation de carburants a ainsi chuté de 9,7% au mois d'août par rapport à l'an dernier. Bien que les experts tablent encore sur une hausse de la demande pétrolière cette année grâce aux pays émergents, ils ont fortement revu à la baisse leurs perspectives. Deux semaines plus tôt, le marché pétrolier avait pourtant rebondi - jusqu'à près de 110 dollars - en apprenant que l'administration américaine lançait la plus grande opération de renflouage public de son histoire. Mais les investisseurs considèrent à présent que le plan Paulson, voté vendredi après deux semaines d'atermoiements, ne sera pas la panacée, loin s'en faut. Le vote "est peu susceptible d'améliorer la situation de la demande pétrolière, sachant que l'économie montre de nouveaux signes de contraction", estiment ainsi les analystes du cabinet John Hall. "Le plan de sauvetage américain a échoué à restaurer la confiance et empêcher la panique de s'étendre", abonde M. Kryuchenkov. En plus des craintes sur la demande, le pétrole est victime de son succès auprès des investisseurs. Considéré comme un produit financier, le pétrole avait attiré en début d'année de nombreux fonds désireux de se protéger contre la dépréciation du dollar et diversifier leurs placements. Le phénomène joue donc aujourd'hui en sens inverse: le troupeau des investisseurs spéculatifs déserte le marché, dans un contexte de panique financière et de rapatriement en urgence de capitaux.A New York, les prix du pétrole perdaient 4 dollars hier à l'ouverture des échanges new-yorkais, alors que les investisseurs continuaient à quitter le marché et que la dégradation rapide des perspectives de demande, dans le sillage d'une possible récession mondiale, pesait sur les prix. Vers 13H05 GMT (15h05 HEC), sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en novembre s'échangeait à 89,75 dollars en baisse de 4,13 dollars par rapport à son cours de clôture de vendredi.Par ailleurs, le prix du panier pétrolier Opep (Opec Reference Basket of crudes) a enregistré une baisse vendredi dernier, retombant à 86,37 dollars le baril, contre 89,28 dollars la veille. Le dernier record du prix du panier Opep a été enregistré le 3 juillet dernier à 140,73 dollars le baril. Depuis le 27 juin 2008, le panier Opep a battu cinq fois son propre record historique. Le baril du pétrole Opep coûtait en moyenne 96,85 dollars en septembre, 112,42 dollars en août, 131,22 dollars en juillet, 128,33 dollars en juin, 119,39 dollars en mai, 105,16 dollars en avril, 99,03 dollars en mars, 90,64 dollars en février, 88,35 dollars en janvier. En mars 2008, le panier pétrolier a été élargi jusqu'à 13 types de pétrole, grâce à l'Equateur. Ainsi, le prix du panier de référence comprend désormais les bruts: Saharan Blend (Algérie), Girassol (Angola), Oriente (Equateur), Minas (Indonésie), Iran Heavy (Iran), Basra Light (Irak), Kuwait Export (Koweït), Es Sider (Lybie), Bonny Light (Nigeria), Qatar Marine (Qatar), Arab Light (Arabie Saoudite), Murban (Emirats arabes unis) et BCF 17 (Venezuela).