Se dirige-t-on droit vers des protectionnismes économiques tous azimuts dans le monde ? Il semblerait que ce soit le cas. La Russie, comme une économie géante, vient de décider de mettre des barrières douanières indirectes afin de protéger sa production nationale, notamment automobile. Pour comprendre cette nouvelle orientation économique qui s'opère, citons cet exemple russe. Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a encouragé vendredi dernier les consommateurs russes à acheter des voitures fabriquées en Russie afin de soutenir l'industrie nationale durement touchée par la crise économique et financière. «Aujourd'hui, alors que nos fabricants sont contraints de réduire leur production, je considère qu'il est totalement inadmissible de dépenser de l'argent pour acheter des voitures importées», a déclaré M. Poutine, selon l'agence Ria Novosti. La Russie ne compte pas s'arrêter là, puisque des subventions sont aussi au menu. Le gouvernement prévoit de subventionner les emprunts pour l'achat de véhicules produits en série par l'industrie automobile russe. Cette mesure était réclamée par les constructeurs automobiles russes. Les administrations seront aussi encouragées pour l'achat des véhicules produits localement. Après l'annonce de ces mesures, des centaines de négociants et de clients de voitures d'occasion ont à nouveau manifesté à Vladivostok, dans l'extrême Orient russe contre la décision du gouvernement de relever les taxes sur les voitures d'occasion d'origine étrangère. De l'autre côté de l'Atlantique, le secteur automobile a également eu son plan d'aide. L'administration Bush a décidé de sauver les constructeurs automobiles en crise. Il s'agit de GM et de Chrysler qui recevront respectivement 9,4 milliards et 4 milliards de dollars en décembre et janvier. Une deuxième enveloppe de 4 milliards de dollars sera mise à la disposition de GM en février, sous réserve du déblocage de la seconde partie des fonds du plan Paulson par le Congrès, portant l'aide totale à 17,4 milliards de dollars. Si les mesures prises par la Russie peuvent paraître logiques et raisonnables eu égard aux grands axes de l'économie russe, aux Etats-Unis, les déclarations de Bush peuvent résumer la situation chaotique et justifier toute action. Bush a dit jeudi dernier, selon les agences, que «les temps sont durs quand on croit à l'économie de marché». Plus explicite, M. Bush pense, à titre d'exemple, que laisser l'industrie automobile aux prises avec les lois de l'économie de marché, ce serait prendre le risque de sa probable liquidation, d'un nouveau choc infligé aux marchés et de la disparition d'emplois directs et indirects que certains ont chiffrés à plusieurs millions. Ce qui peut être interprété comme un abandon pur et simple des grands principes de ce modèle économique. Cette tendance de «retour aux sources» est amplement justifiée. Pis, la crise économique qui affecte l'économie réelle tend à devenir une crise politique dans certaines régions du globe. La Belgique, la Grèce et d'autres pays risquent de connaître dans les prochains mois des difficultés… Les suppressions d'emplois, les plans sociaux, les subventions étatiques, les aides indirectes accordées aux entreprises ne sont que les premiers symptômes… S. B.