Photo : Riad Par Faouzia Ababsa Le Forum des chefs d'entreprise a organisé hier à l'hôtel Aurassi un déjeuner débat auquel ont pris part les représentants des partis de l'Alliance présidentielle, le directeur de la campagne électorale de Bouteflika, le secrétaire général de l'UGTA, des organisations patronales parties à la tripartite, le ministre du Commerce, ceux de l'Industrie et de l'Habitat. Etaient également présents, les P-DG des banques publiques, le président et le coordinateur de l'ABEF, Bessa et Benkhalfa. Mais les plus nombreux étaient les patrons privés et publics composant le Forum des chefs d'entreprise. La rencontre était destinée à réaffirmer le soutien de l'organisation dirigée par Reda Hamiani à un troisième mandat que brigue Abdelaziz Bouteflika. Les réalisations économiques et les mesures prises lors des deux derniers mandats ont été mises en évidence. Abdelmalek Sellal, son directeur de campagne, n'a d'ailleurs pas tari d'éloges quant au bilan de 1999 à 2009, énumérant les réalisations en matière de logement, de barrage, d'infrastructures de base depuis. Il a même fait quelques annonces, dont celle intéressant au premier chef les opérateurs économiques. Il s'agit, selon lui de revoir à la hausse, après la présidentielle le taux réservé aux entreprises nationales dans les marchés publics qui est aujourd'hui de 15%. Cela, en plus des mesures d'intéressement qui seront prises si Bouteflika est réélu. Se faisant plus convaincant quant à l'intérêt qu'il porte aux opérateurs économiques et à l'entreprise algérienne de manière particulière, M. Sellal a annoncé que M. Bouteflika compte organiser une rencontre avec les patrons au cours de la campagne électorale. De la réélection de Abdelaziz Bouteflika, Abdelmalek Sellal est convaincu, estimant que les 4 000 000 de signatures récoltées renseignent sur l'engouement des électeurs. Revenant sur la campagne électorale, il dira que, contrairement à toutes les autres, celle-ci n'est pas classique. Elle dénotera l'évolution du pays vers la modernité. En témoignent, a-t-il encore précisé, le climat et l'ambiance dans lesquels s'est faite la déclaration de candidature de M. Bouteflika le 12 février dernier à la coupole et le faste qui l'a entourée. «Cela prouve que nous ne sommes plus ce pays sous-développé du tiers monde.» Et le directeur de campagne de Bouteflika d'ajouter : «L'Algérie n'est pas n'importe quel pays.» Il illustre ainsi l'intérêt que portent les pays de la région et d'outre-Méditerranée. Enfin, il appellera les opérateurs économiques présents à la rencontre à faire en sorte que leurs unités de production soient joyeuses lors de cette campagne, que des affiches soient collées aux portes des entreprises. En somme, il a demandé de manière indirecte aux chefs d'entreprise de mettre la main à la poche pour aider au financement de la campagne. Bouguerra Soltani lui succèdera pour faire la promotion du programme électoral de Bouteflika. Pour sa part, Omar Ramadane, ex-président et actuellement président d'honneur du FCE, a précisé qu'en prenant la décision de soutenir un troisième mandat, le Forum des chefs d'entreprise n'avait obéi à aucune pression de quelque nature qu'elle soit ni de quiconque. Il a cependant souligné l'urgence de prendre un certain nombre de mesures pour protéger l'économie nationale. «Il nous faut organiser le marché qui est anarchique. Car nous n'avons pas su mener l'ouverture vers l'extérieur. Mieux, nous l'avons faite alors que notre économie et notre industrie n'étaient pas encore construites. L'Algérie a un marché trop ouvert, à telle enseigne que des sociétés étrangères viennent s'installer uniquement pour faire du commerce.» Le patron de Modern Céramic a abordé toutes les conventions et accords signés par l'Algérie, à l'image de celui avec l'Union européenne, l'entrée en Algérie dans la Zone arabe de libre-échange. «Nous n'avons pas mesuré les effets et les conséquences des ouvertures tous azimuts.» A propos de la Zone arabe de libre-échange, il exprimera les inquiétudes des opérateurs algériens non sans illustrer son propos par un exemple, très édifiant, dans la branche où il exerce lui-même, d'un pays arabe dont il ne citera pas le nom. «Il y a une usine qui produit l'équivalent de ce que produisent nos 40 entreprises nationales réunies. Elle n'est soumise à aucune taxe et emploie une main-d'œuvre asiatique corvéable à merci. Elle pourra dorénavant écouler sa marchandise chez nous sans difficultés. D'ailleurs, des importateurs algériens se bousculent pour arracher le marché.» Omar Ramadane conclura son intervention en précisant qu'il n'y avait «aucune honte à revendiquer et à réclamer le protectionnisme. Il faut profiter de cette crise internationale pour protéger notre économie». Abdelmadjid Sidi Saïd, lui, appellera le Forum des chefs d'entreprise à adhérer au pacte économique et social paraphé il y a deux ans entre les partenaires de la tripartite.