Pour Abdelmadjid Sidi-Saïd, les mesures contenues dans la LFC 2009 sont dictées par le souci de promouvoir la production nationale menacée par les importations tous azimuts. Les organisations patronales tout comme le Forum des chefs d'entreprise (FCE) avaient fait, samedi, front commun contre la loi de finances complémentaire dont certaines dispositions étaient qualifiées de “dangereuses” pour l'économie nationale. L'UGTA, dont le mutisme alimente bien des interrogations, est aux antipodes de ce point de vue, soutenant à fond les mesures tant décriées. “L'UGTA soutient”, tranche Abdelmadjid Sidi-Saïd dans une déclaration exclusive à Liberté. Pour lui, “l'Algérie est devenue un marché à ciel ouvert” qui a rendu nécessaire la prise de certaines mesures, en l'occurrence celles contenues dans la LFC 2009 qui sont, du point de vue du patron de l'UGTA, “économiquement et financièrement utiles du point de vue de la croissance et de la création d'emplois”. Pour lui, il est temps de mettre de l'ordre dans la politique des importations en distinguant clairement entre ce qui est nécessaire à l'économie nationale et ce qui ne l'est pas. “Nous refusons d'importer des produits de consommation comme le kiwi, les bananes, voire les pastèques ; je préfère qu'on achète des machines pour faire fonctionner nos usines et créer de l'emploi”, préconise Sidi-Saïd pour qui certains produits de consommation importés sont une menace pour la production nationale. Il cite à titre d'exemple le cas du fromage. “Le Tassili, le Berbère qui sont des produits locaux sont d'une grande qualité, il faut les protéger”, dit-il. Mais quid de l'accord d'association avec l'UE qui a aboli les barrières douanières ? Face à cette interrogation, le premier responsable de l'UGTA n'hésite pas à décliner “le patriotisme économique”, remis au goût du jour, il est vrai, par la crise économique et financière qui frappe le monde. “Celui qui ne se protège pas n'a pas à compter sur les autres pour le protéger”, dit-il dans une allusion aux mesures protectionnistes prises récemment par les pays à économie de marché surpris par le caractère brusque de la crise. “Il n'y a pas de crainte à protéger son peuple en termes de consommation”, insiste-t-il en convenant que, “aujourd'hui, le monde a changé, la crise économique nous a édifiés”. Au passage, Sidi-Saïd tacle le Forum des chefs d'entreprise qui a reproché au gouvernement d'avoir fait cavalier seul dans l'élaboration de la LFC. “Les pays occidentaux ont pris des mesures pour protéger leurs économies sans consultations préalables. Ces mesures sont à contrepied de leur idéologie économique.” Soucieux de ne pas inscrire la position de la Centrale UGTA dans une optique polémique, Sidi-Saïd rappelle tout de même que, “aujourd'hui, il y a un consensus pour favoriser la création d'emplois et la protection de la production nationale qui sera le véritable moteur de la croissance”. Et de noter à ce propos que “pour chaque voiture importée, c'est quatre postes d'emploi créés” dans le pays exportateur. D'où justement son plaidoyer pour “une économie algérienne basée sur la citoyenneté”. Omar OUALI