De notre correspondant à Tlemcen Mohamed Medjahdi La faculté de médecine de Tlemcen a abrité, jeudi dernier, la première journée nationale sur les tentatives de suicide. Animée par d'éminents spécialistes de la médecine légale, des psychologues, des sociologues, etc., cette rencontre a été marquée par de multiples conférences, durant lesquelles les intervenants ont expliqué que le suicide a une dimension individuelle marquée est surtout le reflet de l'échec. Cet échec peut toucher la relation avec autrui, ou un manque d'attention des autres, et un échec de notre fonctionnement social, notamment les divorces, le chômage, etc. Les intervenants ont indiqué la nécessité de mieux connaître les circonstances des suicides pour limiter l'accès aux moyens létaux. Les chiffres parlent, d'eux-mêmes, selon dr Ghmebazza, qui avance que la wilaya de Tlemcen a enregistré, l'année dernière, 265 cas (173 de sexe féminin, et 92 de sexe masculin). On se donne la mort le plus souvent par pendaison, ou en ingurgitant des produits caustiques. L'orateur a affirmé que les circonstances de ces suicides, le plus souvent impulsifs, doivent être mieux connues pour pouvoir les prévenir et les empêcher. De son côté, un autre médecin a précisé que le phénomène ne cesse de prendre des proportions alarmantes, et l'hôpital doit jouer un rôle central. «L'hôpital doit prendre en charge l'aspect somatique mais aussi la souffrance psychique et ses conséquences…» Dans cette optique, il a été appelé à la création de comités regroupant divers acteurs afin de renforcer une pédagothèque sur le thème du suicide et de développer sa capacité de recensement, expertise et diffusion des outils de prévention. Mieux connaître la situation épidémiologique a été l'autre conférence, qui a dévoilé que les régions de Tlemcen, de Sidi Bel Abbès et d'Oran ont enregistré les huit années passées des cas cruels, en précisant qu'il existe, actuellement, une connaissance parcellaire de la réalité du phénomène. Il a été demandé la nécessité de la mise en place d'un pôle d'observation en continu sur la mortalité et la morbidité du suicide et des tentatives de suicide. Il s'agit, en premier lieu, d'améliorer la qualité des soins prodigués lorsque l'état pathologique le nécessite. Mais le développement de la prévention, et de l'éducation à la santé peut amener les usagers à des changements notoires de comportement efficace. Pour y parvenir, l'un des enjeux les plus forts réside dans la coordination et dans les liens entre les politiques de soins et les politiques sociales et médico-sociales. L'Algérie n'a pas échappé à ce fléau du fait qu'elle enregistre près de 3 suicides et tentatives de suicide pour 100 mille habitants, alors qu'en Tunisie on enregistre 4 cas pour 100 mille habitants. Lors de cette rencontre, il a été expliqué que celui qui se tue espère ainsi faire le désespoir ou engendrer le remords de celui qui l'a poussé à cet acte. D'autres causes, la calomnie, la honte, l'incapacité de prendre en charge sa famille, poussent les individus à mettre fin à leurs jours. «Pour guérir de tout cela, on pense au suicide, car il s'agit d'une solution facile pour ne pas affronter un scandale», note-t-on en ajoutant qu'il est temps d'être plus préventif et à l'écoute des jeunes car les statistiques sont effrayantes.