Une banque d'informations et de collecte de statistiques sur le phénomène de la violence contre les femmes vient d'être créée à Oran. Selon la direction de l'action sociale de la wilaya, cette banque a été créée à l'occasion de la campagne de lutte contre la violence sur les femmes, clôturée jeudi. Cette banque collectera des informations et des données sur ce phénomène au niveau des services de la sûreté, de gendarmerie, des établissements hospitaliers et des associations sociales. Cette initiative, première du genre à l'échelle nationale, vise à uniformiser les données statistiques avancées par les services concernés sur des cas de violence sur les femmes, ce qui permettra d'avoir une vision globale sur les cellules d'écoute encadrées par des psychologues et des sociologues. A l'occasion de la clôture de cette campagne de sensibilisation, organisée à Oran en présence de représentants de plusieurs instances, il a été annoncé l'installation de deux cellules d'écoute pour renforcer la lutte contre ce phénomène, au niveau des services des urgences sociales et de suivi et de l'éducation en milieu ouvert (SOEMO), dirigée par des spécialistes en psychologie, en sociologie, en éducation, en médecine légale et de représentants d'associations féminines et sociales. Le directeur de l'action sociale d'Oran, Rahim Djamel, a indiqué à l'APS, que ces cellules d'écoute ont pour mission d'accompagner psychologiquement, socialement et juridiquement les femmes battues, avant d'annoncer qu'une rencontre sera organisée chaque année pour évaluer l'action des cellules implantées à travers la wilaya. Cette campagne de sensibilisation de 15 jours a été marquée par des journées d'étude et des rencontres animées par des spécialistes et des membres de la société civile, ainsi que des expositions et la projection de films documentaires sur ce phénomène. Un groupe de psychologues et de cadres de la direction de l'action sociale ont effectué des visites dans des zones éloignées de la wilaya pour sensibiliser les femmes sur leurs droits juridiques et sociales. A noter que ces rencontres de sensibilisation ont été menées depuis le 25 novembre dernier à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre ce phénomène. Une cellule d'écoute pour les femmes en difficulté Une cellule d'écoute psychologique et juridique a été, également, inaugurée destinée à prendre en charge les femmes en difficulté. "La prise en charge des femmes en nécessité d'accompagnement sur les plans psychologique et juridique constitue la mission principale de cette cellule", a indiqué Fatma Boufenik, la présidente de l'association "FARD" pour la promotion des droits de la femme initiatrice de ce projet. Implantée au centre-ville, à "haï El-Moudjahid" (ex-Miramar), au nouveau siège de l'association, inauguré également jeudi, la cellule d'écoute est animée à titre bénévole par deux psychologues et un juriste, a-t-elle précisé. Une cinquantaine de cas ont été déjà traités depuis juin dernier, date du démarrage de la phase de préparation du projet, ce qui a permis, selon Mme Boufenik, de mettre en évidence les besoins des concernées liés notamment à la méconnaissance de leurs droits. Les problématiques soulevées, a-t-elle expliqué, ont trait essentiellement aux faits de violences conjugales ou de non exécution des jugements inhérents au divorce comme le droit de garde des enfants (hadana), la pension alimentaire (nafaqa) et le droit au logement. La cellule reçoit également pour d'autres raisons telles que l'état de santé qui amène les femmes atteintes d'un cancer du sein ou d'une autre maladie grave à venir solliciter l'aide des spécialistes pour les orienter sur la bonne démarche à suivre. Ce projet a été concrétisé grâce à l'appui de la collectivité locale pour l'octroi des locaux et au soutien financier des adhérents et de deux ONG internationales, à savoir l'Association de solidarité avec les femmes arabes "AWSABE" (Belgique) et le Fonds euro-méditerranéen (Danemark). Par ailleurs, et dans le cadre de l'entraide associative, le siège de "FARD" abrite aussi la représentation locale de l'Association nationale pour l'insertion des enfants trisomiques qui mobilise un orthophoniste au profit des parents. L'inauguration de la cellule d'écoute a été marquée par l'organisation d'une table-ronde en rapport avec la célébration de la Déclaration universelle des droits de l'homme, sous le thème "Statut juridique, participation politique des femmes en Algérie". Cette rencontre a été animée par MM. Babadji Messaoud et Chakour Mohamed, respectivement enseignant de droit à l'université de Sidi Bel-Abbès et avocat à la Cour d'Oran, ainsi que Mme Boufenik qui est également enseignante-chercheur. Les intervenants ont notamment développé le contexte historique de l'adoption de la Déclaration universelle en 1948, les avancées de la législation algérienne dans le domaine des Droits de l'homme, et le Code de la famille. Les participants ont plaidé à cette occasion pour "davantage d'investissement de la femme dans les instances politiques" et pour "une large diffusion des valeurs égalitaires et de tolérance dans les programmes scolaires et au sein de la société". R.R