La mondialisation continue de toucher de nombreux secteurs, engendrant ainsi des conséquences désastreuses pour les plus démunis. Ce phénomène a même touché les terres agricoles fertiles. En d'autres termes, devant la raréfaction des ressources alimentaires, une raréfaction accentuée par la crise alimentaire mondiale qui a frappé beaucoup de pays à travers le monde, certains Etats n'ont pas trouvé mieux à faire que de louer des terres agricoles ailleurs pour les exploiter en produisant des matières premières alimentaires dont ils sont en manque, principalement le blé et le maïs. Dans ce cadre, plusieurs contrats ont été signés et des dizaines de milliers d'hectares de terres agricoles ont été cédés. Cette pratique aurait été salutaire si elle bénéficiait aux peuples des deux pays. Mais, dans la majorité des cas, ce sont les pays exploitants qui en tirent les profits au détriment des populations démunies en Afrique et en Asie particulièrement. Car, faut-il le noter, ce sont les pays en quête de ressources alimentaires et des groupes financiers séduits par les perspectives du marché mondial de l'agriculture qui acquièrent en masse des terres cultivables dans des pays, le plus souvent pauvres ou émergents. En tentant ainsi de régler le problème de l'insécurité alimentaire dans leurs pays, ceux qui optent pour cette solution ne font que compliquer la situation alimentaire dans les pays «hôtes» des exploitations agricoles. Cette manière «offshore» d'assurer la production alimentaire a été d'ailleurs fortement critiquée par les Organisations non gouvernementales (ONG). Une étude intitulée «Main basse sur les terres agricoles en pleine crise financière et agricole», publiée en Espagne, décortique cette forme d'exploitation agricole. D'emblée, l'ONG espagnole «Grain» prévoit une prédominance des inconvénients comparativement aux avantages et ce, connaissant les pratiques des pays courant après ce genre de concessions. C'est connu, les investisseurs privés ne cherchent en effet qu'à augmenter leurs revenus. A titre illustratif, le groupe sud-coréen Daewoo Logistics est en phase de négociations avec le gouvernement malgache pour l'acquisition de 1,3 million d'hectares de terres, l'équivalent de plus de la moitié des terres mises en culture à Madagascar, pour produire du maïs et de l'huile de palme. De son côté, l'Egypte, qui a connu une grave crise du pain en 2007 et en 2008, a signé un contrat avec le Soudan où la famine fait ravage pour produire sur le territoire de ce dernier 2 millions de tonnes de blé par an destinées à l'exportation vers Le Caire. D'autres exemples sont à citer. C'est en somme l'accélération du phénomène. Mais enlever la terre aux autres, particulièrement à ceux qui n'ont pas les moyens de l'exploiter, sans prendre en charge les normes de bonne gestion et de transparence, risque d'avoir des conséquences dramatiques sur les plans social et économique. Les années à venir dévoileront les effets de cette mode agricole. S. I.