Crise alimentaire et raréfaction de l'eau : quels défis pour la profession agricole au Maghreb? Tel est le thème d'une conférence organisée il y a deux jours à Paris, en France, par le Centre International des Hautes Etudes Agronomiques (CIHEAM) Cet évènement a tracé pour but de faire le point sur les conséquences de la crise alimentaire mondiale au Maghreb, sur les perspectives de raréfaction de l'eau dans la région, en particulier pour l'eau agricole, et d'analyser comment les agriculteurs et leurs organisations professionnelles pourraient faire face à ces changements. La conférence a réuni des représentants des organisations professionnelles agricoles du sud et du nord de la Méditerranée, des représentants des gouvernements (ministère de l'agriculture du Maroc), des chercheurs (Ecoles nationales d'agronomie de Meknès et d'Alger, CIRAD), des organisations internationales (FAO, Plan Bleu, CIHEAM), et des associations (AFEID, FERT). Il a été rappelé que depuis plus d'un an, pèse le risque d'une crise alimentaire durable dans la région, alors que les pays du Maghreb ont une très grande dépendance à l'égard des marchés mondiaux. Cette question alimentaire est étroitement liée à la disponibilité de la ressource en eau pour la production locale, puisque l'agriculture représente près de 80% de la demande en eau. Or, d'ici 2050, les 3 pays du Maghreb seront en situation de pénurie d'eau (moins de 500 m3 d'eau disponible par habitant et par an). Les impacts du changement climatique joueront un rôle important, notamment en termes de réduction de la pluviométrie : la Méditerranée est ainsi considérée comme un " hot spot " du changement climatique. Les enjeux sociaux sont également déterminants car la population rurale au Maghreb, qui est importante et va continuer à croître, attend du développement de l'agriculture son propre développement. Dans ce contexte, les dynamiques des organisations professionnelles agricoles au Maghreb et leur rôle dans la gestion de l'eau ont été analysées à partir de plusieurs exemples : coopérative laitière au Maroc, association d'irrigants en Tunisie, exploitation familiale en Algérie. Les facteurs de réussite et les obstacles de l'émergence de ces formes d'organisations collectives sont de nature multiple : technique, organisationnelle, financière ou encore sociale. Des initiatives d'accompagnement importantes sont en cours, au niveau des Etats (par exemple le plan national pour l'agriculture " Maroc Vert ") et au niveau des professionnels et des chercheurs, comme le projet de Réseau d'Irrigants Méditerranéens au Maroc soutenu par la fondation FARM. Dalila B.