Le Plan bleu et le Plan d'action pour la Méditerranée viennent de publier. " L'agriculture méditerranéenne en recherche d'adaptation climatique ", une étude sur la vulnérabilité du secteur agricole dans la région. Le bassin méditerranéen est une des régions les plus vulnérables aux impacts annoncés du changement climatique. L'agriculture y sera l'un des secteurs économiques les plus affectés, les pays des rives Sud et Est risquent d'être les plus durement touchés. A l'échelle locale, les capacités de résilience des milieux et des populations apparaissent comme les maitres-mots des solutions adaptatives à moyen terme. A l'échelle régionale, l'augmentation de la dépendance alimentaire et la déstructuration de sociétés et économies agricoles sont des enjeux qui justifient de renforcer davantage encore la coopération méditerranéenne sur la question agricole. Les balances commerciales agricoles des pays méditerranéens sont déficitaires depuis une trentaine d'années. A cette dépendance alimentaire, que la crise 2008 a cruellement mise au devant de l'actualité, s'ajoutent les menaces du changement climatique particulièrement redouté dans cette région, la perte continue de terres arables, la dégradation des ressources naturelles, la crise des institutions et surtout la fragilité sociale dont les zones rurales concentrent toutes les formes : pauvreté, chômage, précarité, illettrisme, santé, déficit de services et d'infrastructures publiques. Comment concilier les défis de la croissance démographique, de la sécurité alimentaire et de la protection de l'environnement et des ressources naturelles ? Comment prendre en compte la raréfaction des énergies fossiles, l'érosion de la biodiversité et la réduction des émissions polluantes dans de nouveaux modèles de production agricole ? Comment répartir les moyens et les efforts pour ne pas risquer d'accentuer davantage encore les disparités entre les territoires et passer à côté de la reconstruction à plus long terme ? Comment donner une légitimité à toutes les dynamiques locales de systèmes de production qui existent dans les zones à forte contrainte et les rendre justifiables d'une politique publique? Comment contribuer à la modernisation de l'intervention publique, au processus de participation des populations rurales ou à l'amélioration des conditions de vie en milieu rural ? Pour les spécialistes, il faudra d'abord diversifier la production agricole. La diversification de la production agricole doit être considérée comme le point de départ de toute action visant à changer la réalité actuelle de l'agriculture méditerranéenne. Dans cette région, en effet, on produit essentiellement les mêmes choses à savoir légumes, fruits, huile, vin. Ces produits mûrissent pratiquement tous au même moment et aboutissent presque tous sur les mêmes marchés. La concurrence devient conflictuelle car les coûts de production varient considérablement selon le degré de développement économique et social des pays du bassin méditerranéen. Il faut alors agir dans un double objectif: améliorer les conditions sociales et économiques dans les régions défavorisées et diversifier la production. En Italie, en Turquie, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en France, en Espagne, etc. les agriculteurs cultivent tous plus ou moins les mêmes produits. L'engorgement est inévitable et ne profite pas aux producteurs qui doivent donc s'efforcer de diversifier leur production pour ne pas entrer en conflit entre eux. Ces mêmes agriculteurs peuvent choisir eux-mêmes de diversifier leur production pour que chacun y trouve son compte; ils peuvent au moins essayer de décaler la période d'ensemencement pour décaler celle de la récolte et de la vente. La décision d'expérimenter de nouvelles cultures pour remplir les périodes creuses sur les marchés en allégeant en même temps la concurrence doit cependant être prise par les agriculteurs eux-mêmes, avec l'appui de leurs organisations professionnelles qui doivent leur donner toutes les informations et l'assistance technique nécessaires.Il faut diversifier pour améliorer; c'est la clé du succès pour les agriculteurs des pays du Nord comme pour ceux des pays du Sud de la Méditerranée.