De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La préservation du patrimoine matériel et immatériel est d'une importance capitale pour un pays qui cherche à sauvegarder son identité et son histoire, mais aussi à renforcer son économie, à travers la promotion du tourisme culturel, source avérée de devises. Après avoir passé une période noire où le budget consacré était proche du zéro, le secteur de la culture, en Algérie, a commencé à retrouver des couleurs grâce à l'embellie financière engendrée par la hausse du prix du pétrole et le recul considérable du terrorisme après une décennie quatre-vingt-dix meurtrière. Des sommes importantes sont dégagées ces dernières années au profit du secteur de la culture même si une bonne partie de ces sommes est plutôt orientée vers les activités festives, au lieu que ce soit en faveur de la préservation et de la promotion du patrimoine culturel. Il y a, cependant, une amélioration indéniable concernant la préservation du patrimoine dans la mesure où les scientifiques sont les premiers à intervenir dans de nombreuses opérations, notamment la restauration des sites historiques et archéologiques. C'est le même topo pratiquement dans toutes les wilayas du pays, y compris à Tizi Ouzou où la politique de sauvegarde du patrimoine passe avant tout par un avis scientifique. Et ce n'est pas un hasard si le chef de service chargé du patrimoine au sein de la direction de wilaya de la culture et deux chefs de bureau dans la même direction se trouvent être des archéologues de formation. S'ils ne s'étaient pas embourbés dans des considérations exclusivement administratives et bureaucratiques, ils seraient d'un apport considérable dans toutes les opérations de recensement, de restauration et de préservation du patrimoine au niveau de la wilaya. Selon un archéologue qui a quitté la wilaya pour la capitale du temps où les pouvoirs publics ne donnaient pas d'importance à l'apport des scientifiques, les choses ont changé, aujourd'hui, dans ce domaine, même s'il y a beaucoup d'efforts à faire encore, notamment dans l'augmentation des budgets pour financer les opérations de fouilles, le recensement et la restauration des sites historiques et archéologiques dans cette wilaya. «Les scientifiques sont réellement consultés dans la politique de préservation du patrimoine», dit notre interlocuteur qui précise que «le ministère de la Culture n'hésite jamais à diligenter des équipes de scientifiques, d'archéologues et d'architectes, notamment quand le besoin se fait sentir». Ces équipes se déplacent sur les lieux en question pour un constat qui sera suivi d'un rapport à présenter aux responsables, lesquels, à leur tour, prendront les décisions qui s'imposeront telles que la restauration des sites visités ou la démolition de bâtisses dans le cas où le patrimoine a été agressé par un constructeur indélicat. Notre interlocuteur précisera que le ministère ne dépêche pas des scientifiques à chaque action, puisque les responsables locaux en disposent sur place dans le cas où les opérations menées ne nécessiteraient pas l'intervention du département de Mme Khalida Toumi. L'Office national d'archéologie, héritier depuis l'année 2005 de l'Agence nationale d'archéologie et dont le siège se trouve à Tigzirt, juste à côté des ruines romaines, intervient également quand il s'agit de préserver le patrimoine au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, en concertation avec les services de la direction de la culture. Comme les scientifiques concernés par cette question, notre interlocuteur affirme qu'il y a réellement «une prise de conscience quant à la préservation du patrimoine dans le pays et l'implication des scientifiques, seuls capables de réussir toutes les politiques de sauvegarde et de restauration des sites historiques et archéologiques». Reste la question des financements qui ne répondent pas et de façon optimale aux exigences de cette œuvre monumentale.