De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur La région de Tlemcen prépare un important programme pour célébrer le mois du patrimoine. Il s'agit, selon les responsables de la culture, d'expositions, sorties sur sites, conférences-débats, etc. Et pour inculquer aux écoliers la culture du patrimoine et les sensibiliser à sa préservation, un concours portant sur le meilleur dessin ou la meilleure description d'un site sera organisé dans les écoles, le plus important durant ce mois étant la sensibilisation visant la sauvegarde et la valorisation du patrimoine.Sur un autre plan, les actions programmées visent également à encourager le tourisme culturel. En effet, selon les responsables de la culture de la wilaya de Tlemcen, la préservation des monuments et autres biens culturels est indispensable, car elle est liée au développement du tourisme. Celle-ci, notamment les monuments, les objets, les paysages et les sites qui offrent un intérêt historique et artistique, reste la mission majeure de la direction de la culture, a-t-on expliqué, et ce, dans le but de les exploiter en vue de contribuer au développement du tourisme de la région, sachant que celui-ci peut devenir un des facteurs de développement économique si le pays l'exploitait de manière optimale. La réhabilitation en attendant l'exploitation Cependant, compte tenu des dangers croissants auxquels les monuments historiques sont exposés, la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» a été bénéfique pour la wilaya qui a entrepris une action de grande envergure pour que la capitale des Ziyanides ne soit pas dépossédée de son patrimoine culturel. Dans ce sillage, notons que plusieurs opérations de réhabilitation et de revalorisation des sites historiques sont en voie de concrétisation à travers la wilaya et dans le cadre des préparatifs de la manifestation. Ces opérations visent à mettre en valeur ces sites qui font partie du riche patrimoine matériel et immatériel de Tlemcen. Selon l'archéologue Brahim Chenoufi, ce mois du patrimoine est également une aubaine pour les associations et tous les acteurs qui travaillent à la protection et la préservation de tous ces monuments et sites, qui restent un facteur du maintien des traditions, car il s'agit des témoins de l'histoire du pays et du reflet de sa personnalité. Comme l'a souligné il y a quelque temps le Pr El Ghouti Bensenouci, Tlemcen est un véritable sanctuaire, car, a-t-il dit, «c'est à travers les œuvres de ses artistes, de ses architectes, de ses musiciens, de ses écrivains et de ses savants, mais aussi à travers toutes les créations anonymes, intellectuelles ou matérielles, surgies de l'âme populaire, comme à travers l'ensemble des valeurs qui donnent un sens à la vie, que nous avons appris à percevoir notre épaisseur culturelle, que nous avons appris à percevoir et à aimer la culture des autres et surtout que nous avons compris que l'identité n'est pas le processus par lequel on est, mais celui par lequel on devient». «Par ses vestiges des siècles obscurs qui avaient précédé l'Islam, par ses monuments de l'époque médiévale dont la richesse artistique fait de Tlemcen l'une des cimes suprêmes de l'art hispano-mauresque, par la mémoire de ses habitants dont les origines remontent au fond des âges, l'histoire de la ville de Tlemcen plonge dans un passé fabuleux et vénérable où les ‘‘humanités'' semblent avoir erré à travers tous les mondes extérieurs pour atteindre, enfin, le tabernacle intime. Ibn Khaldoun Abd El Rahmane, connu pour sa rigueur critique et la sagesse de son œil, cite, non sans en exprimer le doute, ces propos qu'il attribue aux Tlemcéniens de son époque : ‘‘Notre ville est d'une haute antiquité, car on voit encore, dans le quartier d'Agadir, la muraille dont il est question dans le chapitre du Coran qui renferme l'histoire d'El Khidr et de Moïse''. Cette assertion, plutôt proche de l'allégorie mythique, même si elle procédait de la singulière volonté des citadins à exalter leur cité natale, témoigne, s'il en faut, de l'incontestable antiquité de la ville de Tlemcen et de l'importance de sa destinée», ajoutera le professeur. La sensibilisation, une nécessité incontournable Les monuments historiques sont un «pilier» de ce que nous considérons aujourd'hui comme notre «patrimoine» national. Ils représentent notre histoire, symbolisent notre identité culturelle, et structurent le territoire de nos villes : pour cela, ils nécessitent, de la part de tous les acteurs, de profiter pleinement du mois du patrimoine afin de donner une attention et une protection sans condition. L'État a bien compris l'importance de ce patrimoine monumental, et un dispositif important a été élaboré visant en premier lieu sa sauvegarde. Reste à la société et à la population à s'engager pour son patrimoine, au niveau local comme au niveau national. Sensibiliser les jeunes et moins jeunes au respect du patrimoine est une nécessité incontournable pour préserver ces legs. Durant ce mois du patrimoine, qui s'étale du 18 avril au 18 mai, ce qui est important, selon la direction de la culture, c'est de chercher les voies et moyens de susciter la réflexion, le débat et, partant, de sensibiliser les divers acteurs (élus, administrations, aménageurs, urbanistes, architectes, paysagistes, géographes,... et ceux en cours de formation) à la valeur de leur patrimoine culturel et de les convaincre que c'est un atout entre leurs mains pour le développement durable et l'amélioration de la qualité de la vie. C'est aussi l'occasion d'inculquer aux étudiants les modes de perception de l'espace à travers le triptyque qui existe entre l'homme, son histoire et son milieu urbain.