De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Doucement mais sûrement... C'est tout ce qu'on peut dire sur la question de la préservation du patrimoine dans la wilaya de Tizi Ouzou. Comparativement aux sanglantes années quatre-vingt-dix, des choses se font dans ce sens, notamment en ce qui concerne l'implication des scientifiques et autres universitaires dans la politique et les actions de sauvegarde du patrimoine culturel, historique et archéologique, entre autres. Ce sont des actions qui restent insuffisantes dans la mesure où les sommes colossales dégagées par le département de la culture ne servent pas toujours la question de la préservation du patrimoine, et sont plutôt dirigées vers des activités festives. Il n'est pas inutile de réserver une cagnotte à la sensibilisation des citoyens sur la nécessité de préserver le patrimoine, qu'il soit matériel ou immatériel, d'autant plus que la population n'est pas assez sensibilisée sur le sujet, sachant également qu'il n'existe aucune association sur le terrain dédiée à la préservation du patrimoine. C'est le constat fait dans cette wilaya qui a tant besoin de valoriser son patrimoine. Contrairement aux autres disciplines culturelles, pour lesquelles des initiatives individuelles et associatives sont enregistrées occasionnellement ourégulièrement, le patrimoine ne mobilise pas les volontés pour des raisons essentiellement d'expertise, mais aussi de manque de moyens financiers alloués à la question. Il est vrai que tout le monde ne peut s'occuper de questions archéologiques, étant une question de spécialistes, mais les pouvoirs publics ne font pas assez d'efforts pour intéresser la population et la mobiliser autour de questions précises et bien orientées, notamment celles relatives à la non-violation du patrimoine. Il y a quelques années, à Tigzirt par exemple, il était facile de trouver des maisons avec de petits morceaux des ruines romaines de l'ex-Omnium sur la porte ou sur le mur. Il a fallu des interventions coercitives pour arrêter le massacre alors qu'il était possible de convaincre les gens du bien-fondé de la politique de sauvegarde, surtout que cela serait très bénéfique à la région avec les retombées économiques très appréciables que pourrait apporter le tourisme. D'ailleurs, beaucoup de choses ont changé dans cette ville balnéaire, notamment la mentalité de ses habitants qui ont compris l'apport des estivants sur leur quotidien. Il est dommage, donc, que la question de sensibilisation citoyenne sur la préservation du patrimoine culturel et historique de la wilaya de Tizi Ouzou soit quasi inexistante, notamment du côté de la société civile qui semble avoir tourné le dos à cette question. Les archéologues, dont la majorité se trouve dans une situation socioprofessionnelle très difficile, ne s'impliquent pas individuellement dans de telles entreprises, alors que les associations spécialisées dans la sauvegarde du patrimoine sont inexistantes. Certaines associations sociales ou culturelles organisent quelques activités dans ce cadre mais de façon superficielle et sporadique, vu que leurs membres ne sont pas des experts dans le domaine. De leur côté, les autorités publiques se contentent la plupart du temps d'attendre le mois du patrimoine, du 18 avril au 18 mai de chaque année, pour organiser des activités publiques autour du thème alors que cette question de la préservation du patrimoine est un travail à temps plein et qui nécessite beaucoup de moyens pour qu'elle puisse aboutir à des objectifs positifs. Bien sûr, en parallèle avec une véritable politique touristique qui ferait de la wilaya de Tizi Ouzou une destination de choix pour les touristes étrangers et même nationaux. Les actions des pouvoirs publics devraient cesser d'être timides à l'adresse des citoyens. Des campagnes de sensibilisation devraient plutôt être menées tout au long de l'année et dans les quatre coins de la wilaya, notamment dans les établissements scolaires pour une prise de conscience effective et salutaire autour de la question de la sauvegarde du patrimoine.