La campagne moisson-battage 2008 s'est soldée par de piètres résultats, tout au plus 21 millions de quintaux alors que,l'année précédente, les volumes récoltés, toutes céréales confondues, se chiffraient à près de 41 millions pour des besoins nationaux annuels estimés à 65 millions. Cela veut dire qu'il faudra importer d'ici l'été 2009, période où les commandes d'achat aboutissent, l'équivalent de 40 millions de quintaux (4 millions t). Au début de l'été dernier, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), seul organisme importateur, a passé commande de 8 millions auprès de fournisseurs européens et américains au moment où les prix sur les marchés internationaux étaient nettement élevés (lire article ci-contre). Autre donne qui renseigne sur les projections futures d'importation en céréales. En effet, comme nous l'avons souligné plus haut, les statistiques actuelles parlent d'un besoin national en céréales de l'ordre de 65 millions de quintaux. Un volume qui va nécessairement évoluer à la hausse, compte tenu de la demande sans cesse croissante par effet de la croissance démographique. C'est dire aussi que la facture d'importation suivra cette tendance. En parallèle, la production locale de céréales reste plus ou moins stagnante, obligeant ainsi les pouvoirs publics à importer davantage et mettre plus d'argent pour combler le déficit entre la production et les besoins. Et pour preuve : il a fallu, en 2008, année considérée comme faible en production, deux milliards de dollars supplémentaires pour arriver à combler le déficit. C'est-à-dire qu'à chaque fois que la récolte sera médiocre, il faudra mettre plus d'argent pour arriver à répondre à la demande et, quand les cours grimpent, cela devient encore plus contraignant. A l'exception de ce dernier trimestre où l'on a constaté un recul des prix sur les marchés internationaux, mais qui, selon certains analystes, ne va pas trop durer puisque aux dernières nouvelles, les cours des céréales ont repris leur ascension. Quelle alternative à cette trop grande dépendance d'importations de céréales ? Si, pour certains observateurs, parler d'autosuffisance en production céréalière relève plus de l'utopie, d'autres pensent qu'on peut arriver à une réduction conséquente de nos volumes d'importation. Tout en sachant que la céréaliculture est avant tout une culture dépendant des pluies, un élément climatologique qui fait grandement défaut chez nous, dans la mesure où notre pays est considéré comme étant semi-aride (vivant en permanence un stress hydrique), comment, donc, prétendre à doubler au moins la moyenne actuelle des rendements de l'ordre de 11 q/ha. Des agronomes sont fort optimistes et ne cachent pas que, même avec des niveaux de pluviométrie assez bas, le défi peut être relevé. Et d'avancer qu'avec un meilleur respect de l'itinéraire technique sur les surfaces emblavées et un dédoublement de la mécanisation, les espoirs sont permis de rendre moins importants les volumes importés annuellement en céréales. En clair, une meilleure maîtrise de cette culture peut donner des rendements appréciables. Dans certaines contrées céréalières de l'est du pays, on atteint facilement 25 sinon 30 q/ha par la professionnalisation des céréaliers de la région. Cela dit, devant la faiblesse reconnue de notre production céréalière et ses conséquences financières sur le budget de l'Etat, une question s'impose : peut-on changer la situation actuelle qui nous laisse vulnérables par rapport aux défis mondiaux qui s'annoncent, car de grands pays producteurs de blé prévoient de revoir à la baisse leurs volumes d'exportation ? Un cas de figure qui suscite l‘inquiétude dès lors que nous sommes troisièmes au tableau des pays grands importateurs de blé. C'est pourquoi un débat consacré à la céréaliculture est préconisé pour tenter d'éviter l'éventualité d'une crise mondiale sur le blé. Devant un tel scénario, la question de la céréaliculture et de ses perspectives de production devient plus que d'actualité et, par là même, «ne saurait être traitée comme n'importe quelle autre production agricole», souligne-t-on au niveau de l'INGC (Institut national des grandes cultures). Z. A.