Devenue autosuffisante en blé dur et en orge, l'Algérie a réduit de 80% ses importations de blé dur par rapport aux années 1990 durant lesquelles elle importait à un rythme de 2 millions de tonnes annuellement, contre 400 000 tonnes en 2009. Et si la moisson 2010 venait à augmenter par rapport à la précédente ou tout au moins être égale, les perspectives d'exportation de blé dur, après l'orge, deviendraient envisageables.La campagne moissons- battage 2009 s'est soldée par une récolte exceptionnelle. La production s'est élevée à 61,2 millions de quintaux, se répartissant entre 24 millions de quintaux d'orge, 24,3 millions de blé dur et 11,3 millions de blé tendre. Ces volumes, jamais atteints, ne sont pas seulement le résultat d'une bonne pluviosité mais aussi d'autres facteurs, à savoir une meilleure maîtrise des techniques de culture céréalière par les agriculteurs, l'introduction de l'irrigation d'appoint, la disponibilité en quantité suffisante et à des prix soutenus par l'Etat des intrants nécessaires, l'octroi de crédits de campagnes sans intérêt (Rfig) et, enfin, la bonification des prix d'achat de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) qui proposait 4 500 DA pour le quintal de blé dur, 3 500 DA/q pour le blé tendre et 2 500 DA/q pour l'orge. Les bons résultats de la campagne céréalière de l'année dernière ont été obtenus également grâce au payement des agriculteurs dans les délais.Toutes ces mesures d'encouragement et aides à la production n'ont pas laissé indifférents les acteurs de la filière céréaliculture. Pour preuve, depuis 2008, un nombre important d'agriculteurs se sont convertis aux cultures céréalières. Mieux, les agriculteurs réservent plus de superficie à la culture de l'orge et du blé dur. D'autres ont fait le choix de se consacrer au blé dur à la place de l'orge. Ainsi, la surface agricole utile (SAU) réservée aux céréales pour la saison 2009/2010 est de 3,3 millions d'hectares, contre 3 millions en 2009, soit près de 40% d'augmentation.Du côté du département développement des grandes cultures auprès du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, on estime que malgré une pluviosité en deçà de celle de l'année dernière, la récolte 2010 sera au moins égale, voire supérieure à celle de 2009, du fait de l'augmentation de la surface emblavée en céréales. Dès lors, on peut avancer que nous allons connaître une offre en blé dur supérieure à la demande et, du coup, les stocks de blé dur dont va disposer l'OAIC devront suffire à couvrir les besoins internes pour une période dépassant six mois. A ce sujet, il est bon de rappeler, d'une part, que le stock en blé dur dont dispose l'Office actuellement assure une couverture de six mois et, d'autre part, que la consommation moyenne nationale est de 700 kg/an, tous types de céréales confondus. Ainsi, il est prévu un excédent auquel il faudrait trouver un débouché, c'est-à-dire des marchés d'exportation. Après l'orge, ce sera donc au tour du blé dur d'être exporté. Quant au blé tendre, les spécialistes expliquent que l'Algérie va rester longtemps importatrice. Autre indication donnée par le directeur général de l'OAIC : la revue à la baisse de nos importations en blé dur alors que l'Algérie était en 2007 considérée comme le plus grand pays importateur dans le monde. Le retrait du plus grand acheteur va certainement avoir un effet sur les cours mondiaux. Le DG de l'OAIC le confirmera : «Les cours de blé dur risquent de s'effondrer d'ici la fin de cette année.» L'OAIC va donc devoir se préparer à un autre rôle. Après celui d'instrument de régulation du marché des céréales, il devra se charger de promouvoir les exportations d'orge et de blé tendre. Sera-t-il à la hauteur ? Z. A.