Le ton est donné par le président de la République depuis Ghardaïa. Nous avons eu des années de vaches grasses. Avec la crise mondiale, qui ne concerne pas seulement l'Algérie, nous sommes face à des années de vaches maigres, a dit en substance le premier magistrat du pays. Certes, le climat mondial incite plus d'un à méditer ce message. La dégradation de l'économie mondiale ne s'arrête pas. Et les pays occidentaux semblent également impuissants face à la situation actuelle. Même si, jusque-là, les pouvoirs publics, en Algérie, ont adopté un discours rassurant, il n'en demeure pas moins que «la prudence» a été le maître mot de la politique économique mise en branle, et les différentes déclarations ont été axées sur cette prudence prônée par le gouvernement. Et les exemples sont nombreux. Cette politique, selon les chiffres de la Banque d'Algérie, pourrait se poursuivre sereinement, même à un niveau un peu plus dense. La dette s'est stabilisée à 3,9 milliards de dollars, une croissance d'un niveau de 4,1% (6,6% hors hydrocarbures), une inflation de 3,5% et, enfin, des réserves de changes qui frôlent les 140 milliards de dollars. Donc, les indicateurs économiques sont au vert, même si les prix du pétrole restent déprimés. A en croire les dernières déclarations du Premier ministre, les investissements entamés par l'Algérie pourraient se poursuivre sans craintes, puisque, même à 20 dollars, les engagements peuvent être respectés. Maintenant que le flou se dissipe peu à peu, surtout après le message d'alarme adressé par M. Bouteflika, il reste à dire que la prudence est de mise mais dans un autre cadre, à savoir éviter des chocs extérieurs notamment en ce qui concerne l'inflation importée ainsi que les prix des matières premières et des produits alimentaires même si d'autres éléments qui contribuent à l'aggravation de la crise existent bel et bien et échappent à tout contrôle. Et c'est dans ce contexte que cette prudence, qui pourrait être considérée comme un élément de base pour une stratégie fiable, doit être appliquée sans faille. Rationaliser les dépenses publiques pourrait être acquis dans la mesure où la facture des importations (34 milliards de dollars), qui reste assez élevée, pourrait être contrôlée, sachant que l'équipement des institutions accapare à lui seul une importante manne financière. La mise sur les rails d'une économie productive est aussi un des remparts qui peut contribuer à freiner cette crise qui ne cesse de faire des victimes de par le monde. In fine, il est à signaler que le fait d'être épargné des répercussions directes de cette crise est déjà une chance pour prendre du recul et revoir la copie… S. B.