L'exercice de la gestion du budget de l'Etat sera difficile pour le gouvernement surtout avec la crise financière qui s'installe. Le budget annuel de l'Etat pour 2009 sera débloqué vingt-quatre heures avant le Nouvel An. Le président de la République procédera, aujourd'hui, à la signature de la loi de finances 2009, selon une source proche de la Présidence. Comme le dicte la tradition, la cérémonie de signature aura lieu en présence de tous les membres du gouvernement. Ni discours et encore moins de déclaration. La cérémonie médiatisée du premier magistrat du pays a un caractère purement protocolaire. La signature du document sera suivie d'une photo de famille du staff gouvernemental avec le Président. Cela étant, la cérémonie de cette année intervient dans un contexte économique très particulier. La crise financière qui secoue le marché international n'épargnera pas l'Algérie. Les propos tenus par le chef de l'Etat, il y a deux jours à Ghardaïa, constituent un signe avant-coureur de l'impact de la crise mondiale sur le portefeuille de l'Etat. «C'est le temps des vaches maigres», a-t-il déclaré à partir de la capitale du M'zab, tirant ainsi la sonnette d'alarme. «Nous avons eu des années de vaches grasses. Avec la crise mondiale, qui ne concerne pas seulement l'Algérie, nous sommes face à des années de vaches maigres», a reconnu le chef de l'Etat, appelant toutefois à une gestion rationnelle du budget de l'Etat. Il y a lieu de rappeler que la loi de finances 2009 a été établie sur la base d'un baril de pétrole à 37 dollars, une croissance d'un niveau de 4,1% (6,6% hors hydrocarbures), une inflation de 3,5% et enfin des importations à hauteur de 34 milliards de dollars. D'un montant évalué à 2786 milliards DA, le budget de l'Etat est composé de 1628 milliards DA de fiscalité pétrolière et 1158 milliards DA de fiscalité ordinaire, ainsi que des dépenses budgétaires totalisant 5191 milliards DA. Pour le budget de fonctionnement, il est de l'ordre de 2594 milliards DA. Celui-ci comporte une masse salariale qui atteindra 876 milliards DA en 2009, du fait du recrutement de plus de 60.000 fonctionnaires mais surtout de la mise en oeuvre du nouveau statut de la Fonction publique et des régimes indemnitaires devant découler des statuts particuliers des agents de l'Etat. Les dépenses de fonctionnement des services atteindront 153 milliards DA du fait de la prise en charge de toutes les nouvelles infrastructures administratives ou socio-éducatives réalisées. Le budget d'équipement est prévu pour financer notamment, la dernière tranche du programme quinquennal 2005-2009, et qui porte sur 2631 milliards DA en «autorisations de programmes» et 2598 milliards DA en «crédits de paiement». La nouveauté dans cette loi porte sur le renforcement des moyens de lutte contre la fraude fiscale, par l'assimilation des bénéfices transférables vers l'extérieur par les succursales aux sociétés mères établies à l'étranger, à des dividendes imposés à 15%, l'imposition spécifique des plus-values de cession d'actions et de parts sociales par des non-résidents. Ainsi, la création d'un service des investigations fiscales chargé d'intervenir au niveau national contre les sources de fraude et d'évasion fiscale, le paiement des impôts par des moyens autres que le cash au-delà d'un certain montant. Il est vrai que les voyants ne sont pas au rouge mais il est aussi vrai qu'on ne doit pas attendre l'épuisement de toutes nos réserves de change pour réagir. Alors que le gouvernement avait écarté au début tout impact de la crise sur l'économie nationale, les prix du baril en ont décidé autrement. En effet, la chute spectaculaire des prix de l'or noir a poussé le gouvernement à sortir de son silence et à revoir sa stratégie. C'est pourquoi le Président a voulu réitérer encore une fois son message invitant les Algériens à être productifs. En ces temps de crise, l'Etat ne pourra plus assumer toutes les dépenses et venir à l'aide des populations. Autrement dit, fini les enveloppes faramineuses débloquées çà et là. Avec la crise qui s'installe, le gouvernement doit revoir sa gestion et contrôler le moindre centime. Désormais, l'équipe Ouyahia a la responsabilité de contrôler toutes les dépenses et de réduire surtout le train de vie de l'Etat.