Il a décidé de réduire au maximum les projets d'investissement. C'est le temps des vaches maigres! L'Algérie se serre la ceinture à propos de ses dépenses budgétaires. «Le gouvernement a décidé de réduire au maximum les projets d'investissement inscrits dans le programme de développement, prévus pour le prochain quinquennat, et ce, en raison de l'impact de la crise financière sur l'économie nationale.» C'est ce qu'a déclaré hier, le ministre de la Petite et moyenne entreprises et de l'Artisanat, Mustapha Benbada, en marge de la présentation et de l'évaluation du plan d'action du secteur pour la période 2009/ 1014. M.Benbada a même précisé que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a adressé une instruction à tous les ministres les appelant à revoir leurs programmes et de reporter les projets jugés non prioritaires pour le moment. En d'autres termes, cette instruction porte sur le classement des projets par ordre de priorité. La même source a précisé qu'«en prévision du nouveau plan quinquennal, le Premier ministre a demandé à chaque département d'élaborer une liste des projets de développement, et ce, en fonction des besoins de chaque secteur». Cette liste, ajoute notre source, transmise au gouvernement en octobre dernier, fera l'objet de modification. La décision du gouvernement confirme une autre fois que l'Algérie n'est pas du tout épargnée par la crise qui ébranle mêmes les économies les plus solides de la planète. Longtemps ignorée par les officiels algériens, cette réalité pointe donc du nez. Les craintes manifestées de part et d'autre, sont désormais perceptibles sur la santé budgétaire du pays. Le recours à une révision des programmes de développement explique tout. Face à la chute du prix du pétrole, qui est au-dessus de 37 dollars actuellement, le gouvernement n'a pas d'autre choix que de réduire ses dépenses et le train de vie de l'Etat. La simplification du plan d'action est, pour lui, l'option inévitable. La décision du gouvernement intervient un mois après que le chef de l'Etat a tiré la sonnette d'alarme. «Nous sommes face à des années de vache maigre», a-t-il déclaré, à partir de Ghardaïa, lors d'une rencontre avec les notables de la région. «Nous avons eu des années de vaches grasses. Avec la crise mondiale, qui ne concerne pas seulement l'Algérie, nous sommes face à des années de vache maigre», a-t-il précisé en guise de réponse à la population, qui demandait une aide supplémentaire. Saisissant cette occasion, le Président a adressé un message aux Algériens leur demandant d'apprendre à ne compter que sur eux-mêmes. «Il est temps que chaque Algérien retrousse ses manches», a-t-il dit sur un ton ferme. Deux semaines auparavant, le président-directeur général du groupe Sonatrach a lâché la sentence. «Les projets pétrochimiques, actuellement en cours, et qui n'ont pas encore fait l'objet d'une attribution, pourraient être gelés si les prix du pétrole continuent à baisser», a déclaré M.Mohamed Meziane sur les ondes de la Radio nationale. Parmi les projets qui risqueraient d'être gelés ou bien compromis dans le cas où la dégringolade des prix du pétrole se poursuit, le patron de Sonatrach cite «le projet de réalisation en partenariat entre Sonatrach et le consortium émirati Dubaï-Moubadala d'une usine d'aluminium d'une capacité de 700.000 tonnes à Béni Saf (extrême-ouest du pays)». Par ailleurs, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a adopté un discours rassurant. «Avec un prix du baril de 37 dollars, nous avons à peu près trois années et demie de couverture de notre déficit du Trésor, sans prendre en considération le fait que nous avons réduit notre endettement intérieur», a-t-il déclaré en marge de la clôture de la session d'automne du Conseil de la nation. Selon M.Djoudi, même s'il reste difficile d'avancer des chiffres précis, «le plus important est qu'il y a aujourd'hui une relance de la demande globale».