«Hayyder, hayyder ya yahoud, djeich Mohamed sa yaoud», c'est avec ces cris scandés comme des invites guerrières que des centaines de manifestants ont ébranlé, hier après-midi, la torpeur habituelle des grandes artères de la capitale. Dès la fin de la prière de vendredi, une foule immense se constituait peu à peu devant les portes de plusieurs mosquées de la commune populaire de Belouizdad. Des foules galvanisées par les prêches des imams qui ont mis du feu dans leur verbe pour parler à leurs fidèles du génocide israélien perpétré à ciel ouvert et dans l'impunité totale contre des femmes et des enfants à Ghaza. Il s'en est suivi après des appels incessants à des rassemblements pour exprimer la colère et l'indignation qui bouillonnaient dans les cœurs et les esprits des citoyens. Et c'est ainsi que le premier groupe de manifestants s'est formé. Des citoyens en colère portant des drapeaux palestiniens et criant des slogans à la gloire de la Palestine et de l'islam ont marché de Belouizdad jusqu'au boulevard Hassiba Ben Bouali, là où des dizaines d'agents de la police, épaulés par la brigade anti-émeute, les ont bloqués. Mais, en cours de route, nombreuses sont les personnes qui rejoignaient par groupes entiers cette manifestation. «Nous ne sommes manipulés par aucun parti. A la fin de la prière, nous avons tenu à exprimer dans la rue notre indignation face à ce qui se passe à Ghaza. Nous sommes des musulmans comme nos frères palestiniens. Et c'est honteux de garder ce silence complice», s'écrie Mohamed, 45 ans, la tête couverte par le keffieh palestinien, tout en appelant les manifestants à ne pas céder aux dérapages. Le mécontentement des manifestants, qui ambitionnaient de marcher jusqu'à l'hémicycle du Parlement au boulevard Zigoud Youcef pour transmettre aux députés leurs doléances, montait d'un cran. Mais rien à faire face à la détermination des agents de l'ordre. «Il est formellement interdit de tenir une marche ou une quelconque manifestation. Vous le savez très bien», tente de convaincre un inspecteur de police. En vain. Soudain, des jets de pierres ont fusé, plongeant dès lors le boulevard Hassiba Ben Bouali dans une panique générale. Fort heureusement, des appels au calme ont été lancés de partout. Soulignons enfin que c'est seulement vers les coups de 15 heures que le calme a repris ses quartiers. Les manifestants ont rebroussé chemin sans qu'on signale le moindre dérapage. A. S.