«Ferguson a un côté féroce qui peut être effrayant. Capello est pareil» * Etiez-vous aussi surpris que la plupart des gens de revenir en Europe pour jouer au Milan AC ? Non, pas vraiment. Il y avait beaucoup de discussions sur ma possible destination et nous avions quelques offres de plusieurs clubs, donc ce n'est pas arrivé d'un coup comme ça, ça ne sortait pas de nulle part. Je suis juste très honoré d'avoir eu la chance de rejoindre un si grand club, surtout à ce moment de ma carrière. J'ai bien l'intention de faire de cette expérience un succès. * Vous avez quitté l'Europe pour rejoindre les LA Galaxy, puis vous avez regagné votre place en équipe d'Angleterre, et maintenant vous revenez jouer au plus haut niveau à Milan. Vous semblez aimer surprendre les gens... Ce n'est pas quelque chose que je fais consciemment. J'aime juste jouer au football et avoir des challenges dans la vie. * La perspective d'évoluer aux côtés de joueurs comme Ronaldinho ou Kaka a dû vous attirer... Oui, bien sûr. Kaka, Ronaldinho, Pato... c'était une trop bonne opportunité pour la refuser. J'ai déjà joué contre Ronaldinho dans le passé, donc je savais déjà à quel point il était spécial. Mais en jouant dans la même équipe, j'ai la chance de voir ça tous les jours. Et Kaka est l'un des meilleurs joueurs du monde, peut-être même le meilleur. Oui, c'est vraiment génial d'évoluer aux côtés de tels joueurs. * Apprenez-vous l'italien ? Oui, j'essaye d'apprendre petit à petit, mais ça prend du temps. Je pense que c'est important de le faire pour bien s'intégrer et faire vraiment partie de l'équipe. Ce ne sera pas facile mais je veux apprendre le plus possible. * Les médecins du Milan affirment que vous pourriez jouer encore cinq ou six ans vu votre condition physique. L'idée de continuer à jouer à 38, 39 ans vous attire-t-elle ? J'aimerais pouvoir rester au top aussi longtemps, mais on devra attendre de voir ce que le temps me réserve. Tout le monde est différent mais j'ai toujours fait attention à moi, j'ai toujours mangé et bu des choses saines, donc qui sait ? * Adriano Galliani, le vice-président du Milan AC, a déclaré qu'il aimerait vous voir rester plus longtemps et le président des Galaxy, Alexi Lalas, a dit que cela ne le surprendrait pas que vous décidiez de rester en Europe. Y a-t-il une chance que cela arrive ? Non, car j'ai signé à Los Angeles pour cinq ans et que c'est là que mon avenir se trouve. Je suis très honoré que le président du Milan AC veuille que je reste, mais je respecte le contrat que j'ai signé. Après cette période de prêt, je retournerai à Los Angeles, c'est certain. * Vous avez évoqué d'autres offres. Certaines émanaient-elles de clubs de Premier League ? Oui, j'ai eu des offres d'équipes anglaises et aussi deux autres en Italie, mais je savais que je voulais venir à Milan dès l'instant où j'ai entendu qu'ils s'intéressaient à moi. C'est un club génial et un super challenge. * Un retour en Premier League vous tentait-il ? Non, car le seul retour qui m'aurait intéressé aurait été à Manchester United. J'ai passé 15 années fabuleuses à United et j'y ai gagné tout ce qu'il était possible de gagner là-bas, donc il est évident que c'est la seule équipe anglaise dans laquelle j'aimerais enfin rejouer. * United n'était donc pas un des deux clubs qui vous a approché... Non. Et pour être honnête, je n'imagine pas que cela puisse arriver. * Le fait de jouer chaque semaine au plus haut niveau vous manque-t-il ? Non. Il y a des choses qui me manquent dans les clubs pour lesquels j'ai joués, car United et le Real sont deux des meilleurs clubs au monde et j'ai passé des moments fabuleux dans ces deux équipes. Mais je ne regrette pas d'avoir rejoint la MLS, pas du tout. Quand j'ai signé là-bas en 2007, j'avais besoin d'un nouveau challenge et le Galaxy m'en a apporté un bon. * Quand vous avez signé à Los Angeles, vous avez déclaré que «le défi est de partir là-bas pour prouver aux Américains à quel point le foot est un jeu génial». Ont-ils réagi comme vous l'espériez ? En dehors du terrain, tout s'est super bien passé. On a eu la « hype » que nous voulions pour améliorer la réputation du foot, mais tout ça prend énormément de temps. Beaucoup de choses doivent encore évoluer avant que nous puissions amener ce jeu à l'étape suivante aux Etats-Unis. * Avez-vous encore des choses à réaliser là-bas ? Oui, car je veux réussir sportivement avec le Galaxy et que nous n'y sommes pas encore parvenus. On a réussi en dehors du terrain, en rehaussant la réputation de la MLS, mais nous n'avons rien gagné alors que c'était une des raisons pour lesquelles j'ai signé dans ce club. On a besoin de remettre les choses dans le bon sens à ce niveau. * Pourquoi n'avez-vous encore remporté aucun trophée à LA ? Je pense juste que l'équipe n'a pas atteint le niveau que l'on espérait, mais nous réussirons avec le temps. J'ai toujours dit que nous n'aurions pas de succès du jour au lendemain et c'est toujours le cas. * Pouvez-vous être plus clair ? Là-bas, il y a beaucoup de règles du jeu qui ne permettent pas aux gens de voir combien ce sport est fabuleux. Je ne peux pas vraiment rentrer dans les détails, car cette situation est très politique, mais la MLS sait ce qui a besoin de changer. * Les fans américains de football ont-ils la même passion pour le jeu que les fans européens ? Les gens impliqués dans le foot ont la même passion qu'en Europe, aucun doute là-dessus, et ceux qui viennent voir le Galaxy sont des passionnés de foot. Au même niveau qu'en Angleterre ? Difficile à dire. Je ne dirai pas que le foot va devenir le sport numéro 1 aux Etats-Unis, car ça n'arrivera pas. Il ne pourra pas dépasser le basket, le football américain et le base-ball, mais il a un énorme potentiel. * Vous sentez-vous à la maison à Los Angeles ? Il n'y a aucun endroit où je me sente vraiment à la maison, à part à Londres. Mais j'adore L.A. et nous sommes tous très heureux ici. Mais Londres reste toujours chez moi et je n'imagine pas que cela puisse changer un jour. * Jouer en MLS n'a pas fait de mal à votre carrière en équipe d'Angleterre. Combien de sélections pensez-vous pouvoir encore ajouter à votre compteur ? C'est impossible à dire. La seule ambition réaliste est de faire partie de l'équipe et d'avancer avec elle. Je n'aurais jamais pensé atteindre les 100 sélections donc je me sens chanceux et honoré d'en être à 107... d'être dans la même lignée que Bobby Moore, Sir Bobby Charlton et Billy Wright. On verra bien si une nouvelle sélection arrive pour moi. Et si c'est le cas, c'est génial. * Disputer la Coupe du monde 2010 est-il un objectif réaliste ? J'adorerais la disputer, c'est sûr, mais je ne me fixe pas des buts comme cela. C'est encore très loin, et j'ai tellement appris que les choses pouvaient changer très vite en football qu'il est dangereux de regarder trop loin en avant. C'est un cliché, je le sais, mais je prends les matches les uns après les autres. Je ne me projette que vers le match suivant. * Et si tout s'arrêtait à 107 sélections ? Je ferai avec, ce n'est pas ma décision. Comment pourrais-je être déçu avec 107 sélections ? Du moment que j'ai donné tout ce que je pouvais, je serai heureux. * Vous êtes bien placé pour parler de Fabio Capello, car vous avez joué sous ses ordres au Real Madrid et en équipe d'Angleterre. Quel est le secret de sa réussite avec l'Angleterre ? Je ne pense pas qu'il y ait de secret. Le truc avec Fabio Capello, c'est qu'il vit et respire football. Il est méticuleux dans tout ce qu'il fait. Il suffi t d'être à ses côtés pour comprendre combien il est passionné par ce sport. À part sir Alex Ferguson, je n'ai jamais vu quelqu'un qui regarde autant de matches, qui est à ce point impliqué dans tout ce qui se passe dans un club. Il était comme ça à Madrid et il est comme ça avec l'équipe d'Angleterre. Je crois que c'est ça qui a changé. Il est arrivé et a complètement transformé la façon de faire. Il sait exactement ce qu'il veut et ce qui est nécessaire pour l'obtenir. Les joueurs le respectent en tant qu'homme et en tant que manager. Je pense que c'est la clef de sa réussite. * Quand on le regarde, il a l'air autoritaire. Presque intimidant. Est-ce le cas ? Tout grand manager possède ça. Sir Alex Ferguson a, lui aussi, ce côté féroce qui peut être un peu effrayant, surtout si vous êtes jeune. M. Capello est pareil. Je suis sûr que ça a été le cas tout au long de sa carrière. Le respect vient de là. * Il fait donc peur aux joueurs pour les pousser à être plus performants ? Je ne peux pas parler pour les autres joueurs, mais moi, ça m'inspire plus que ça ne me fait peur. * Pour finir. Quelles sont vos ambitions pour cette année 2009 ? Connaître la réussite avec Milan, améliorer ma condition physique et gagner quelque chose avec Los Angeles. Et si je ne remporte rien cette saison, je continuerai jusqu'à ce que j'y parvienne. DAVID BECKHAM Né le 2 mai 1975 à Leytonstone (Angleterre) 1,82 m – 75 kg Clubs successifs • Jusqu'au 9 mars 2009 : prêté au Milan AC • Depuis juillet 2007 : Los Angeles Galaxy • 2003-07 : Real Madrid (Esp). • 1993-03 : Manchester Utd (Ang). Beckham a été prêté un mois à Preston North End (Ang) durant la saison 1994-1995. Palmarès : Champion d'Espagne 2007, Supercoupe d'Espagne 2004, champion d'Angleterre 2003, 01, 00, 99, 97, 96, Coupe Intercontinentale 99, Ligue des champions 99, Coupe d'Angleterre 99, 96, Charity Shield 97, 96. • 107 sélections A, 17 buts.